METAPHORE, Etre, Sujet, Révolution

Puis, toujours le deuxième moment de son déploiement, la métaphore de l'être identifie bien l'étant au sujet, mais en le reconnaissant dans sa finitude : selon Kant c'est l'objet qui se règle sur la connaissance, c'est-à-dire sur les structures a priori de la subjectivité, et il faut admettre qu'il ne se donne que dans l'expérience sensible. Il ne peut y avoir de sujet absolu que dans le domaine moral, et encore cela ne relève t-il que qu'un idéal. Hegel ouvre certes la voie, dialectique, vers un sujet absolu et même un savoir absolu, explicitement philosophique, mais qui ne peut obtenir aucune reconnaissance universelle. Ce savoir philosophique débouche pourtant, à la fin de l'époque moderne, sur l'événement de la Révolution et donc sur la reconnaissance au moins d'un progrès, essentiellement juridique ; progrès inséparable d'ailleurs d'une autre finitude dite "radicale", elle-même morale et comme redoublant la finitude naturelle, puisqu'elle consiste dans le refus même de la liberté et de tout progrès, volonté de répétition pure, pulsion de mort.

"Le sujet est ensuite découvert dans sa finitude irréductible. C’est ce qu’a apporté Kant. Non seulement l’objet doit selon lui (c’est la « révolution copernicienne ») se régler sur la connaissance, c’est-à-dire sur les structures a priori de la subjectivité, mais il doit être donné dans l’expérience sensible. Pas d’autre savoir reconnu de tous que celui des sciences positives, qui n’envisage qu’un objet fini. L’homme doit se vouloir sujet absolu, mais cela ne vaut que pour le domaine moral et reste de toute façon hors d’atteinte (c’est l’idéal impossible de sainteté), et la faille de la finitude est toujours là. Certes Hegel va reprendre les analyses de Kant et soutenir que la finitude inéliminable alors découverte peut être dépassée dialectiquement, le sujet humain se faire sujet absolu déployant le savoir vrai, philosophique... Mais ledit savoir absolu, quelque perfection formelle qu’il ait atteinte, n’a pas bénéficié (c’est le moins qu’on puisse dire!) de la reconnaissance universelle... Il y a bien pourtant reconnaissance implicite, en ce temps, pour le savoir philosophique comme cosmologique. C’est le progrès général, notamment juridique, des sociétés historiques. Progrès qui débouche sur la Révolution française. Mais, dans cette Révolution, surgit, précisément par la Terreur et la Contre-Terreur, l’évidence d’une autre finitude, de ce que nous appelons la finitude radicale ou pulsion de mort."
JURANVILLE, 2024, PL

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