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AUTONOMIE, Volonté, Répétition, Temps, NIETZSCHE

Nietzsche avait parfaitement vu que la volonté d'autonomie (certes malencontreusement pervertie en volonté de puissance) n'était le fait que d'un petit nombre. Le commun des mortels s'adonne plutôt à "l'esprit de vengeance" qui est aversion, voire ressentiment contre le temps et son 'C'était'. L'autonomie se conquiert dans la volonté de répétition qui est création et rédemption, transformation du 'C'était' en 'Je le voulais ainsi' : amor fati !


"Peu nombreux sont ceux qui s’engagent effectivement sur la voie de l’autonomie individuelle et créatrice où s’accomplit l’existence, et ceux qui le font se heurtent à l’envie et à la haine des autres."
JURANVILLE, 2021, UJC

ANGOISSE, Répétition, Sens, Objet, FREUD

L'épreuve de l'angoisse permet d'accomplir la répétition et de donner sens au non-sens, comme le veut l'Autre, malgré la tentation de s'enferrer dans le non-sens. Cette duplicité de l'angoisse, Freud la signalait déjà en distinguant l'angoisse survenant du fait de la perte de l'objet, la libido entravée se révélant alors comme pulsion de mort, et l'angoisse permettant au "moi" de parer à la disparition de l'objet en fonctionnant comme "signal", et donc de conserver l'objet (notamment sexuel) : dans ce cas la pulsion de vie (Eros) ne prend le relais que pour mieux servir, in fine, la pulsion de mort maquillée en plaisir sexuel. Mais l'angoisse vraie, celle qui n'enferme pas dans l'objectivité ordinaire, est toujours un signal adressé par l'Autre vrai (typiquement l'analyste) depuis l'inconscient du sujet, induisant pour celui-ci l'obligation d'assumer cette angoisse, tout comme l'Autre l'a assumée, et d'en assumer la répétition jusqu'à la lente reconstitution du sens, qui devra s'effectuer dans l'objectivité de l'oeuvre.


"Qu’est-ce qui montre qu’on veut vraiment passer, de la fuite devant le désespoir constitutif, au désespoir essentiel où il est assumé ? Que la pulsion de mort est réellement liée dans la pulsion de vie ? Et qu’on reconstitue effectivement, comme le veut l’Autre vrai, le sens à partir du non-sens ? Qu’est-ce qui permet donc d’accomplir la répétition ? L’angoisse. Dont nous avons déjà dit qu’elle est unicité et hétéronomie. Traverser l’épreuve de l’angoisse, c’est sans cesse éprouver, à la fois, la tentation de s’enfermer dans le non-sens, et l’exigence venue de l’Autre de constituer le sens à partir de ce non-sens. L’apaisement n’étant atteint, et donc la jouissance, que lorsque la répétition a été conduite jusqu’au sens objectif, à l’œuvre et au savoir."
JURANVILLE, 2000, L’INCONSCIENT

ANGOISSE, Foi, Jouissance, Répétition

L’angoisse, liée à l’hétéronomie, devrait mener à l’autonomie de l’œuvre et du savoir, exigée par l’Autre, mais le sujet rejette cette autonomie, et avec elle l'angoisse ramenée à sa nature première : fuite de soi et sexualité. Ne pas céder devant l'angoisse implique au contraire d'affirmer l'autonomie, même si elle dépend finalement toujours de l'Autre, et ceci par la foi. D'une part la foi est aussi la seule manière d'accomplir la répétition puisqu'elle permet de donner sens au non-sens. D'autre part, ainsi accomplie par la foi, la répétition devient l'acte même de la jouissance essentielle, par laquelle le sens nouveau peut-être posé socialement et objectivement. En l'absence de foi, nous sommes confrontés à l'alternative fatale : soit l'on prétend bien à un sens objectif et commun faisant fi du non-sens, dans le temps imaginaire, entièrement anticipable, avec sa jouissance (sexuelle) fermée à l'Autre ; soit l'on affirme une vraie répétition (comme le fait Freud avec la pulsion de mort) qui, avec le temps, fera surgir grâce à l'Autre un sens du non-sens (et éventuellement une autre jouissance), mais jamais assumable suffisamment par le sujet pour l'amener jusqu'à l'objectivité dès lors que la foi manque.


"Comment ne pas céder devant l’angoisse ? En affirmant, malgré la finitude, et la dépendance par rapport à l’Autre absolu, l’autonomie. Par la foi, qui pose que, si le sens d’abord ne peut venir que de l’Autre absolu, le fini lui aussi - par ce qu’il a reçu, reçoit et recevra de cet Autre comme vrai - pourra donner sens au non-sens radical qu’il rencontre et éprouve, et accomplir, à son tour, la répétition. C’est une telle foi, celle bien sûr des héros de la Bible, qui est au cœur de la pulsion de vie introduite par Freud.... Sans la foi telle que nous l’avons présentée et affirmée, ce sens nouveau, qu’il ne soit pas, avec Lévinas, ou qu’il soit, avec Lacan, reconnu comme lieu d’une jouissance vraie, ne peut de toute façon pas devenir objectif. A fortiori une telle jouissance. Rien comme une jouissance vraie, caractéristique de l’inconscient, ne peut être posé socialement. N’est-ce pas participer de la commune jouissance sexuelle, présente plus ou moins secrètement dans tout le monde social, que de ne pas poser dans ce monde, contre celle-ci, l’autre jouissance ?"
JURANVILLE, 2000, L’INCONSCIENT

ALTERITE, Séparation, Choix, Répétition

L'existence suppose à la fois une altérité et une identité vraies, une identité qui se constitue dans la relation et qui vient à se poser dans le savoir, précisément comme "savoir de l'existence". La première forme d'altérité pour le sujet existant est la séparation, par laquelle il éprouve la finitude en même temps qu'il accède à son identité nouvelle. La seconde forme d'altérité est le choix, par lequel le sujet existant pose sa liberté, et affirme son identité devant tout Autre comme objective. Enfin la troisième espèce d'altérité est la répétition qui lui fait éprouver la finitude comme radicale, irrécupérable dans ce monde, jusqu'à ce que la répétition du non-sens se solde par l'émergence d'un sens nouveau, délivré par l'Autre - soit l'altérité en acte, proprement.


"Que certes l’existence vraie, que la « pensée de l’existence » proclame contre Hegel (et contre la « métaphysique »), suppose une altérité elle-même vraie et essentielle. Que certes cette altérité fait s’effondrer l’identité telle que la conçoit la métaphysique, comme identité anticipative, hors temps. Mais que cette altérité est, en soi, identité et relation, identité se constituant dans la relation. Et que l’identité nouvelle qu’elle implique en vient, malgré qu’en ait la pensée de l’existence, à se poser elle-même dans le savoir. Qui est alors « savoir de l’existence »."
JURANVILLE, ALTÉRITÉ, 2000