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COMPLOTISME, Soupçon, Totalitarisme, Liberté de la presse, NIETZSCHE

Nietzsche a bien diagnostiqué la maladive proximité entre le ressentiment et le soupçon, la souffrance et la culpabilisation de l'autre - il aurait pu ajouter entre la veulerie du troupeau et le complotisme. C'est toujours le même rejet de l'individualité créatrice, même lorsqu'elle se voue au bien commun ou au progrès de la justice. Le poison du soupçon n'est pas seulement dangereux par son mode de propagation, la rumeur, mais surtout parce que la rumeur mensongère, à l'ère de la démocratie dévoyée, est constamment orchestrée et entretenue par les Etats totalitaires. C'est pourquoi la meilleure antidote au complotisme reste encore la liberté de la presse - c'est bien pourquoi celle-ci, presse, ne manque pas d'en devenir la principale cible et victime.


"Le complotisme est la manifestation toujours en fait du même rejet primordial, par l'existant se faisant sujet social, non seulement de l'existence finie et de l'individualité où il l'assumerait, mais aussi de la justice véritable, celle qui s'établit à la fin de l'histoire. Rejet qui déboucha jadis dans le paganisme et qui voue aujourd'hui l'existant à se soumettre à l'idole abstraite du Soupçon. Parce que, en raison de la finitude de l'existant, la justice véritable qui tient ouvert pour lui l'espace de l'individualité est toujours à nouveau, par lui rejetée... Et, bien sûr, pour les régimes totalitaires, avec la place en eux de la police. Et c'est vers la même issue (souvent fatale) que le complotisme conduirait aujourd'hui comme hier (avec l'Holocauste et le Goulag), n'étaient les principes constitutionnels du monde actuel - éminemment la liberté de la presse - et l'ensemble de ses institutions politiques. La liberté de la presse, parce que la presse peut certes donner d'abord une tribune au complotisme, mais qu'elle en devient très vite une victime (l'élite des médias) et qu'elle est alors en position d'en démonter les mensonges et d'en dénoncer les intentions criminelles."
JURANVILLE, 2021, UJC

COMMUNISME, Totalitarisme, Capitalisme, Individu

La révolution anticapitaliste rêve d'une société où l'autonomie de ses membres serait également pleine et entière - négation d'une finitude pourtant bien réelle, qui limite pareille autonomie, et exacerbation d'une vision totalitaire de la société, puisque nul n'est censé échapper au mouvement de l'histoire. Mais si les fins sont purement formelles et illusoires, les moyens (techniques et informationnels, notamment) utilisés pour promouvoir cette vision sont redoutablement efficaces puisqu'ils sont empruntés au capitalisme lui-même, qui les a inventés. Les victimes potentielles de ce système sont les individus comme tels réduits à l'état de déchets, fondus dans la "masse", étant donné que les classes elles-mêmes sont disqualifiées, sinon dissoutes totalement, au profit de cette entité abstraite et inhumaine. Bien que sa politique extérieure soit expansionniste, totalité oblige, le véritable bras armé de ce régime est la police intérieure traquant tous ceux qui pourraient mettre en danger, ou tout simplement remettre en cause, par leur créativité (perçue comme marque d'égoïsme et preuve de trahison) la perfection supposée du système.


"Or cette totalité d’un monde voulu parfait est menacée décisivement par l’ individu. Individu toujours plus présent avec les progrès du droit, et avec le développement du capitalisme, inséparable de ces progrès. Car ce que permet le capitalisme, c’est certes, directement, l’individu bourgeois (voire prolétarien) dont la liberté n’est que formelle. Mais ce que permet le capitalisme, c’est aussi, indirectement, l’individu créateur dont la liberté est, elle, réelle. La révolution anticapitaliste débouche donc sur la répétition, mais en aggravé, du système sacrificiel. Répétition Puisque ladite révolution, même si elle fut voulue au nom de l’individu, s’élève, comme prétendu bien et, en fait, mal absolu, contre l’individu. Mais répétition en aggravé . Puisqu'un tel individu a été, dans l’histoire, par le droit, idéalement voulu et déjà réellement fixé comme le bien par excellence. Puisqu’il y a dans le monde social des existants qui veulent s’engager, comme individus, dans la « voie [difficile] du créateur »."
JURANVILLE, 2010, ICFH