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DESIR, Sexualité, Pulsion de mort, Phallus

Le désir, quelque soit la nature de l'objet qu'on lui assigne, ne se conçoit qu'en corrélation avec trois réalités psychiques fondamentales : d'une part la pulsion de mort, qui traduit pour la psychanalyse ce que les philosophes appellent la finitude radicale, et la religion le péché, soit le refus d'assumer le manque en général ; d'autre part le phallicisme qui est, pour tout sujet parlant, le mode d'identification permettant l'accès au désir ; et enfin la jouissance comme finalité du désir, qui est à distinguer formellement du plaisir. Or la pulsion de mort comme tendance à la répétition reste le fond commun des pulsions partielles, lesquelles se caractérisent comme sexuelles en ceci qu'elles mobilisent d'une façon ou d'une autre le signifiant phallus. C'est pourquoi il est légitime de caractériser le désir comme sexuel. Ceci est l'apport majeur de la psychanalyse.


"Le désir est désir sexuel. Bien sûr, comme désir, il a un objet absolu qui n’a rien à faire avec la sexualité. Mais la sexualité trouve son principe dès l’émergence de la pulsion de mort, qui fait le fond ensuite de tout ce qui pourra apparaître du désir. Sexualité alors dans les pulsions partielles. C’est celle que les analyses freudiennes ont mise en évidence. Mais plus radicalement pour Lacan, sexualité dans la jouissance sexuelle, dont Freud n’a jamais fait un thème de sa pensée."
JURANVILLE, 1984, LPH

DESIR, Objet, Pulsion de mort, Phallus, LACAN

L'objet (a) est proprement l'objet de la pulsion, sa fonction est de soutenir le désir dans le cadre (Lacan dit quelques fois "par la fenêtre") du fantasme. Le désir, du côté du sujet et de la loi, vise la Chose - définitivement absente. Au départ il y a le désir, et la pulsion de mort comme effet de la disparition, ou de la déception du désir (inévitable puisque la Chose manque) : en effet si  l'objet absolu manque, alors le désir est à détruire ! C'est ici que l'objet (a) de la pulsion, toujours partiel, joue son rôle de soutien du côté réel - par opposition à la loi du côté symbolique - pour ramener au désir à partir de la pulsion de mort. Ceci est possible car l'objet (a) n'est pas sans rapport avec le symbolique (comme la pulsion n'est pas sans rapport avec la demande) : en effet il représente toujours le phallus, signifiant du désir, mais sous sa face réelle ; donc subissant lui-même la castration, il est susceptible de disparaître ; l'objet s'effaçant, se repose pour le sujet la question du désir...


"Au départ il y a le désir, et la pulsion de mort. Effet de la disparition ou encore de l’aphanisis du désir. Désir et pulsion de mort se retrouveront à la fin. C’est le choc même avec la Chose. Mais il faut concevoir le retour, à partir de la pulsion de mort, jusqu’au désir. Ce retour ne peut se faire que par l’objet. Et donc cette autre forme de pulsion que Freud appelait « pulsion partielle » et qui est la pulsion au sens le plus commun. Entendons bien que le retour au désir tient à l’émergence de la loi. Mais il faut à la loi une présence réelle. L’objet est cette présence. Il trouve son origine dans le phallus, dont il est l’une des faces. Mais si l’on en reste à la « présence réelle », il n’y a nul maintien du désir, et l’on est rabattu sur la pulsion. La castration (comme effacement de l’objet) est alors ce qui permet l’établissement du désir. Désirant cependant, ce n’est pas le phallus, c’est la Chose que l’on désire. Et du sein du désir pour la Chose, dans la rencontre manquée qui en est l’épreuve, ressurgit la pulsion de mort dont on était parti. Le cercle où se meut le désir de l’homme est parcouru, la boucle bouclée."
JURANVILLE, 1984, LPH

CHOSE, Désir, Manque, Phallus

La Chose est distincte de l'objet "a' cause du désir, comme elle est distincte du signifiant Phallus qui maintient le désir. Le Phallus se substitue précisément à la plénitude manquante de la Chose. Si dans le réel la Chose est signifiante pour le sujet, si elle lui "parle", en somme si elle désire, c'est en effet qu'elle manque tout en causant le manque dans le sujet.


"L’épreuve du réel comme dimension radicale du signifiant, c’est la rencontre originaire avec le manque de la plénitude. En celui-ci se situe la Chose. Si l’on doit partir du signifiant verbal, elle est le signifiant incarné, réel. Le désir n’est suscité originairement par rien d’autre. Ce n’est qu’ensuite, après le heurt avec le manque de la plénitude, que le signifiant phallique peut s’établir."
JURANVILLE, 1984, LPH

PHALLUS, Castration, Signifiant, Désir

Le signifiant, par nature, implique son propre effacement : c'est cette fonction que remplit originellement le phallus, en tant que signifiant non verbal, à la fois en se substituant à l'objet et en disparaissant lui-même pour laisser place au langage - et au désir. Le phallus est ce qui dans le langage laisse à désirer, fait désirer ; il porte en lui l'absence de la Chose, l'objet fondamental du désir. Enfin, en tant qu'il se fait représenter par le Nom-du-Père dans le langage, il instaure la loi - identiquement loi du désir et loi de la castration - qui assujettit le parlêtre au signfiant.


"Par la castration, le phallus advient comme signifiant. Mais que veut dire que le phallus soit signifiant ? L’analyse doit partir du signifiant originaire, qui est le signifiant verbal. C’est uniquement parce que le langage ne tient pas ce qu’il promet, et fait réellement désirer (la vérité totale), que s’impose l’existence d’un signifiant non verbal, et que le phallus apparaît comme ce signifiant... Le désir qu’il maintient et commande, n’est pas désir pour lui, mais toujours désir pour la Chose. La castration simplement « fixe » (elle est loi) la coupure où réside le sujet comme sujet du signifiant."
JURANVILLE, LPH, 1984

CASTRATION, Identification, Phallus, Désir, LACAN

Dans la constitution du sujet du désir, la castration se rapporte directement à l'identification symbolique, qui s'effectue à l'idéal-du-moi en tant que c'est la place du père réel : la castration est d'abord celle de ce père qui donne son nom, et qui se pose comme désirant (qui renonce donc aussi potentiellement à la jouissance). C'est pourquoi l'identification symbolique, qui conditionne le désir, ne peut être que phallique aux yeux de la psychanalyse (pour l'homme comme pour la femme).


"Cette identification symbolique se fait par le nom, mais aussi par ce que Lacan appelle le trait unaire. Elle vaut pour l’un et l’autre sexe. Comme sujet désirant en effet, la femme ne se distingue pas de l’homme. Disons même qu’elle est « phallique ». Le « phallocentrisme » de la théorie de l’inconscient est absolu pour ce qui est de la constitution du sujet du désir. Lacan écrit ainsi : "Le phallocentrisme produit par cette dialectique est tout ce que nous avons à retenir ici… Cette fonction imaginaire du phallus, Freud l’a donc dévoilée comme pivot du procès symbolique qui parachève dans les deux sexes la mise en question du sexe par le complexe de castration" ."
JURANVILLE, LPH, 1984

CASTRATION, Jouissance, Phallus, Signifiant, LACAN

Par rapport à la jouissance, comme "au-delà du principe de plaisir", la castration en marque à la fois la possibilité (avec le désir) et l'impossibilité en tant que totale. Et c'est aussi la castration qui fait du Phallus le signifiant - comme signifiant et donc négation de la chose - le signifiant de cette impossible jouissance absolue.


"Jouissance absolue, non pas interdite, comme le prétend Lacan entraîné par le « point de vue névrotique », mais impossible. Si la castration est négation (Aufhebung) de l’objet, et donc négation du négatif, elle ne conduit pourtant pas à une positivité absolue, mais au contraire à une positivité inséparable d’une négativité radicale."
JURANVILLE, LPH, 1984

CASTRATION, Désir, Fantasme, Phallus

Le fantasme supporte sans doute le désir, en posant l'objet comme face réelle du signifiant phallique, mais il nourrit surtout la pulsion ; c'est la castration, en érigeant cette fois le phallus au rang de signifiant, qui constitue le désir comme tel, et comme sexuel. La castration n'est pas seulement la détumescence d’après l’orgasme, soit négativement l'aphanisis du désir, elle représente aussi paradoxalement, positivement, le passage au désir et sa pérennité. Elle est la vérité partielle qui échoie à l'homme.


"Figure de ce que l’on appelle traditionnellement la finitude de l’homme. Mais c’est une figure doublement particulière : le non-sens y est éprouvé dans le sexuel, et surtout il y est inséparable du sens, qui devient lui-même sexuel. Le désir est pour la théorie de l’inconscient désir sexuel, conduisant à une plénitude qui est jouissance sexuelle ; mais jouissance qui n’est que partiellement jouissance et porte en elle "une souffrance fondamentale". La castration marque le lien du désir et du sexuel, ce qui veut dire aussi, et sur un autre plan, de la jouissance et de la souffrance."
JURANVILLE, LPH, 1984

METAPHORE, Nom-du-Père, Désir, Phallus, LACAN

Pourquoi la métaphore du Nom-du-Père est-elle la métaphore fondamentale, le modèle de toute métaphore ? Il faut comprendre que la métaphore, par la substitution d'un signifiant à un autre, produit un signifié qui se révèle être le même pour toute métaphore, à savoir le signifié du signifiant en général. Quel est-il ? Le passage du signifiant dans le signifié caractérise proprement le désir : un sens nouveau vient d'être créé, l'accès à la signification est désormais ouvert ; or ceci est précisément lié à la fonction paternelle en tant que le père est nommé (Nom-du-Père) par la mère, dont le désir est le grand inconnu initial, en tout cas pour l'enfant. C'est pourquoi ce signifié (le désir) ne peut être représenté que par ce signifiant spécial qu'est le Phallus - présent, par conséquent, en toute métaphore - qui, tout en restant également l'objet du désir de la mère, devient le signifiant propre du désir de l'enfant.


"Il s’agit donc qu’ici apparaisse ce que Lacan a appelé « la signification du phallus ». Le premier signifiant, pour celui qu’on désigne comme le sujet, c’est la mère comme désirante, le désir de la mère. Mais « che vuole ? », que veut-elle ? A cette question, la réponse doit être apportée par la métaphore paternelle justement. Si la mère désire le père comme l’enfant désire la mère (et c’est ce désir qui fait du désir de la mère un signifiant), cela ne signifie pas autre chose d’abord sinon que c’est ce qui manque à la mère et que le père « possède », qui devient le signifiant effectif du désir de l’enfant. Soit le phallus. Le phallus est donc « signifié au sujet »... Le fait que le désir et la signification du phallus soient signifiés en même temps conduit à lier métaphore paternelle et castration (puisque l’homme, qui « n’est pas sans l’avoir », doit pour désirer aussi, s’en trouver séparé). Et c’est là que l’autre figure essentielle de la pensée inconsciente, la métonymie, prend sa place, qui consiste dans le remplacement d’un signifiant de la chaîne par l’autre qui s’y articule, soit finalement le phallus. »"
JURANVILLE, 1984, LPH