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ANALYSTE, Interprétation, Signifiant, Inconscient, LACAN

La parole interprétante (de l'analyste) doit permettre l'émergence du signifiant (par l'analysant), comme non-sens d'abord, dans la métaphore et le trait d'esprit, puis comme Nom-du-père qui est la métaphore essentielle et le signifiant du désir. La fin de la cure doit consister à convertir le symptôme dans le jeu de mots, au niveau de "lalangue" du sujet, afin d'en finir avec les maux qu'il occasionne. Durant tout le processus, malgré la levée du refoulement c'est toujours l'inconscient qui opère (il n'a pas à "devenir conscient" !), tant chez l'analysant que chez l'analyste. C'est pourquoi ce dernier, à partir du moment où il sait ce qu'il fait lorsqu'il interprète, littéralement ne sait pas ce qu'il dit.


"La parole de l’analyste comme signifiant est produite du lieu de l’analysant, pour « amorcer » en lui la production du signifiant et finalement faire apparaître le Nom-du-père dans sa présence, cachée d’abord, de signifiant constitutif du sujet. Il est frappant que dans l’analyse, ce qui accroche, au-delà de l’incertain du discours, ce sont les métaphores qui viennent à l’analysant comme à l’analyste. Faire de la psychologie, fût-elle analytique, s’interroger sur le rapport au père ou à la mère ou à l’oncle, ne font en rien avancer la cure, mais seulement se laisser entraîner, ce qui suppose un travail, dans le jeu des signifiants. Le jeu de mots, pour Lacan, vaut interprétation."
JURANVILLE, 1984, LPH

ANALYSTE, Interprétation, Question, Résistance, LACAN

Le passage à la sublimation, du côté du patient, se signale par la question du sujet comme tel, qui est aussi la question comme telle, « la question de l’être, ou pour mieux dire, la question tout court, celle du « pourquoi soi ? », par où le sujet projette dans l’énigme son sexe et son existence » précise Lacan. Au désir du sujet, qui se manifeste par sa question, doit répondre le désir de l'analyste, qui se manifeste par son interprétation, laquelle ne consiste pas en une quelconque explication (au niveau du dit) mais dans l'à-propos d'une intervention faisant acte (au niveau du dire). L'explication ne ferait que répondre à l'élucubration du sujet névrosé, elle ne ferait qu'ajouter une résistance, celle de l'analyste, à la résistance du patient. Or l'on sait que pour Lacan « la seule résistance véritable dans l’analyse, c’est la résistance de l’analyste ». Ce qui se produit lorsque l'analyste ne parvient pas à se soustraire aux séductions de l’amour du transfert, virant inévitablement à la haine ; lorsque l'analyste, aux yeux de l'analysant, passe pour un surmoi inquisiteur finalement méprisé (piètre sujet-supposé savoir !) au lieu d'incarner l'Autre réel, la Chose (et son savoir) seule à même de supporter la question essentielle du sujet.


"Pour introduire le sujet dans la sublimation, la Chose doit supporter la question où s’affirme l’être-séparé du sujet, et qui est la forme que prend la demande dans la sublimation... Mais ce qui en permet la mise en œuvre effective c’est le désir de l’analyste... Le désir de l’analyste se manifeste dans la cure avant tout par l’interprétation, et même comme interprétation... L’interprétation ne se place pas d’abord sur le plan du dit. Et l’exactitude de la construction, qu’édifie au moins autant l’analysant que l’analyste, est secondaire. C’est que le plan où une vérité doit émerger n’est pas celui du dit, mais du dire. Vouloir faire des constructions relèverait, dans le cadre de la cure, de la résistance de l’analyste. Freud d’ailleurs n’y voyait que des hypothèses."
JURANVILLE, 1984, LPH

ANALYSTE, Chose, Objet a, Castration

Si la cure analytique commence sur le plan de la demande (demande consciente de guérison, demande inconsciente de non guérison !), elle doit permettre le dévoilement du désir présent dans cette demande même, ce qui impose au sujet de faire l'épreuve de la castration.. L’analyste, initialement idéalisé comme « sujet supposé savoir », identifié au père imaginaire par le névrosé, est amené à déchoir de cette position pour devenir l’objet a, support du désir du sujet, tout en incarnant la Chose. Car c'est seulement en tant que Chose, dépositaire d'un savoir inconscient, que l'analyste sollicite l’émergence du signifiant du désir chez l’analysant. Lequel, hors refoulement, fait alors l'expérience de la traversée du fantasme, bien que le fantasme ne soit qu’un soutien du désir et non ce qui le maintient. C'est ici que le sujet fait l'épreuve de la castration (ou pas, s'il s'en tient à l'amour de transfert), laquelle se manifeste par la non-disponibilité de l’analyste aux pulsions de l’analysant, réaffirmant sa position de Chose et non simplement d'objet a. C'est ici également que s'impose une nouvelle identification imaginaire, celle de la sublimation se substituant à la névrose.


" C’est parce qu’il était dans la position de la Chose que l’analyste a pu susciter la production par le sujet du signifiant de son désir. Mais cela suppose le heurt avec la castration que le sujet va pouvoir tenter de fuir. Justement en réduisant l’analyste à l’état d’objet a. Le désir s’efface alors au profit de la pulsion. La pulsion se manifeste comme ce cœur du transfert, inséparable du désir humain, qu’est la sexualité. Si le transfert est « mise en acte de la réalité de l’inconscient », Lacan précise que cette réalité est « sexuelle ». Mais la castration se marque de ce que l’analyste n’est pas à la disposition pulsionnelle de l’analysant. Il n’y a pas d’issue perverse. Et l’analyste apparaît de nouveau comme la Chose, sollicitant encore l’émergence du signifiant. Telle est l’épreuve de la castration dans l’analyse : elle se présente comme celle de la coupure radicale qui sépare l’objet de la Chose, dont il est pourtant aussi la seule présence. Mais cette épreuve n’est supportable qu’à partir d’une autre identification imaginaire. La supporter, c’est alors entrer dans la sublimation."
JURANVILLE, 1984, LPH

ALIENATION, Obsession, Analysant, Analyste

L'analysant subit l'aliénation spécifique à l'idéal-du-moi que représente, à ses yeux, l'analyste, au point d'en être obsédé. Cette obsession pour l'Autre a sa justification puisqu'il s'agit bien de reconstituer, à partir de lui, une identité vraie en lieu et place du symptôme ; mais dans le cadre de la cure, il revient à l'analyste de faire cesser cette obsession, en l'occurrence névrotique, par la grâce qu'il dispense à l'analysant et qui doit l'inviter à s'exprimer librement.


"Pareille obsession, où l’Autre (et le psychanalyste comme Idéal du Moi est un tel Autre) nous « assiège », où il nous enjoint sans cesse de nous assujettir davantage à lui, peut avoir sa positivité. Lévinas l’a fortement marqué, qui parle de l’« expérience sensible en tant qu’obsession par autrui – ou maternité »... Nous devrions, par rapport à cet Autre, le laisser entrer, accepter qu’il nous donne notre identité (vraie). Plutôt que d’élever des remparts contre lui, que de nous remparer avec le symptôme. Mais l’obsession, pour le patient, est fondamentalement négative. Face à quoi le psychanalyste dispense sa grâce. « Levant le siège », il permet alors au patient de sortir de lui-même, de parler librement, de s’ouvrir autant qu’il le peut à cet Autre qui l’obsédait, et de nouer cette parole dans un savoir nouveau et vrai."
JURANVILLE, ICFH, 2010