L'objet par excellence du don, que l'on ne peut chercher à posséder puisqu'il est symbolique, est l'oeuvre. Ce don s'effectue par l'écriture en général, qui revient littéralement à croire en l'Autre, à projeter imaginairement le don de l'Autre comme à-venir. Dans l'oeuvre se projette la consistance imaginaire d'un sens, porté par l'articulation symbolique ou littérale. Le symbole est alors ce qui supporte le sens, lequel anime en retour le symbole, le spiritualise. C'est toujours l'esprit qui allume la flamme du don, avant que l'oeuvre ne le réalise.
"Le sup-posé du don qui se pose lui-même dans l’œuvre, c’est l’esprit. L’esprit a toujours été conçu par la tradition philosophique comme ce qui rend vivant, comme ce qui, précisément, anime d’un sens. C’est l’esprit qui fait apparaître les éléments du monde comme des symboles, signifiants dans le cadre d’un sens qui les unit en les traversant. Sa temporalité est celle de la fulguration du don. Il est « trait » d’esprit, lueur qui se produit soudain, mais a à se prolonger dans l’écriture de l’œuvre, où l’esprit se pose comme tel, et produit dans le littéral la consistance de l’imaginaire qui est sienne. Il se pose pour l’Autre avec lequel il entre en communion spirituelle, mais dont l’altérité est irréductible."
JURANVILLE, LPH, 1984