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EGLISE, Evangélisation, Universel, Paganisme

L’ordre sacrificiel résiste à l’évangélisation par laquelle l’Église diffuse l’universel vrai, comme l’empire romain avait autrefois étendu l’universel de l’État par la romanisation. À la persécution du pouvoir, qui cherche à éliminer tout extérieur au système sacrificiel, répond la figure du martyr, témoin de la foi et de la vérité qu’il incarne. Peu à peu, Rome s’efface comme puissance militaire pour devenir le centre spirituel d’un nouvel universel, celui de l’Église, acceptant symboliquement la position de « déchet » au profit de cette vérité nouvelle. Mais cette grâce universelle se fausse inévitablement : d’une part en laissant subsister les formes de l’ordre traditionnel, d’autre part dans certaines déviations internes — exaltations ascétiques ou monastiques — que Hegel opposera à la vérité luthérienne de la foi intérieure et de la liberté spirituelle.


"De même que l'universel de l'Etat s'étendait par la romanisation, c'est-à-dire par le souci républicain du bien public, de même l'universel posé comme tel de l'Eglise s'étend par l'évangélisation. Rome s'est effacée comme centre de puissance militaire et matérielle pour devenir un centre de puissance spirituelle. De ce qu'elle a accepté de quelque manière la position de déchet devant ces tribus dans lesquelles elle fait advenir une vérité nouvelle. Mais cette évangélisation, si elle est possible et réelle par la grâce, l'est aussi et surtout parce que la grâce se fausse et laisse alors subsister l'ordre traditionnel."
JURANVILLE, LCEDL, 2015

EGLISE, Catholicisme, Universel, Homme

S’élevant contre l’État romain retombé dans le paganisme qu’il prétendait dépasser, l’Église se veut universelle en tant qu’elle est instituée par l’Autre divin et qu’elle affirme le péché de l’homme — péché qui n’est rien d’autre que le paganisme, c’est-à-dire le refus de la finitude et la prétention à occuper la place de Dieu. Son message consiste donc à assumer la finitude humaine pour réaliser la justice véritable (dans l’attente de la « Cité de Dieu » selon Augustin) et à restaurer la place de l’individu, niée dans le paganisme. L’Église se veut catholique, apostolique et romaine : – catholique, comme universelle, celle de Jean, apôtre de l’élection et du messianisme ; – apostolique, comme missionnaire, celle de Paul, apôtre de la grâce, diffusant l’universalité du salut aux païens ; – romaine, enfin, parce qu’elle s’appuie sur l’universel déjà institué de l’Empire romain — universel devenu formel et faux — et qu’elle se fonde sur Pierre, figure de la foi et de son affirmation dans la célèbre profession de foi. En bref, l’Église réalise l’institution du salut dans l’histoire, chaque homme y prenant part au moyen des sacrements.


"L'institution de l'Eglise, par quoi se manifeste le savoir théologique du réalisme, s'effectue contre ce qu'est devenu l'Etat, qui prétendait s'élever contre l'ordre traditionnel païen et qui s'est fait reprendre par lui. En tant qu'elle est instituée par l'Autre divin, par le Christ, du seul fait de l'affirmation du péché et en tant qu'elle est, par là même, idéale et éternelle, l'Eglise indique à l'Etat ce qui doit être sa fin à lui : non plus rejeter tout paganisme - ce rejet est une illusion, le paganisme est le péché de l'homme - mais l'assumer pour le bien [universel vrai et justice] et pour autant que place peut être alors laissée à l'individu. Pour Augustin la cité de Dieu aurait été "prophétisée et préfigurée" par l'Etat des Hébreux, mais elle devrait "se bâtir à partir de tous les peuples réunis". Or l'institution de l'Eglise est celle définitivement de l'Eglise catholique, apostolique et romaine."
JURANVILLE, LCEDL, 2015

INDIVIDU, Universel, Métaphysique, Existence

La tradition métaphysique n'a de cesse de rabattre l'individu soit sur une conception de l'espèce (d'Aristote à Leibniz), soit sur un concept d'universel agissant (l'Unique toujours déjà là se déployant en toute chose, avec Hegel) ; l'individu réel est alors identifié soit à l'Etat, soit à une partie de l'Etat, soit au principe constituant de l'Etat. C'est avec la pensée de l'existence que l'individu répond, à l'appel de l'Autre, de son être propre (unicité et identité), en même temps que de sa finitude, quitte à reconstituer à partir de là, imprévisiblement, un universel.

"On peut, au-delà de Platon par lequel commence la philosophie, et qui s’en tient au général (l’universel) et ignore, au moins thématiquement, l’individuel (le singulier), vouloir donner, avec Aristote, vérité à l’individu, mais alors à l’espèce comme individu, et non pas à ce qu’on appelle habituellement ainsi... On peut aussi, au-delà d’Aristote, vouloir donner, avec Leibniz, vérité à ce qu’on appelle habituellement l’individu. C’est ainsi que, pour Leibniz, chaque individu (au sens habituel) est comme monade le lieu d’une « différence interne », essentielle (principe de l’identité des indiscernables). Mais l’individu est alors lui-même ramené logiquement à l’espèce, il est species infima... On peut enfin, au-delà de toute détermination ou différence déjà advenue, au-delà et d’Aristote et de Leibniz, mais en dégageant pour l’individu en général ce qui est proclamé chez eux pour le seul individu divin, envisager, avec Hegel, l’individu ou singulier comme le général ou universel en acte... Mais, dans tous ces cas, on en reste à un universel toujours déjà là qui se déploie, et dont l’individu est, au mieux, la présence en acte : pas de vérité propre de l’individu comme tel. Avec l’existence tout change."
JURANVILE, 2000, JEU