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EPOQUE, Totalité, Historicité, Histoire

L'époque, ce "suspens" temporel inaugurée par quelque événement, se définit comme totalité et en même temps historicité. Toute époque se veut récapitulation intégrale de l'histoire, et plus précisément résolution dialectique des conflits (contradiction objective) ayant conduit jusqu'à elle : le récit (subjectivité absolue) qu'elle en fait ne saurait être lacunaire - donc totalité. Elle est un ensemble où tout est déterminé par une même vision, un même rapport à l'histoire - donc historicité. Plus clairement, l'analyse du concept d'époque fait apparaît trois dimensions : le Monde est l’objectivité absolue de l’époque et ce dans quoi elle s’accompli, la Tradition est la subjectivité absolue de l’époque et ce par quoi elle s’accomplit, enfin l’Esprit est l’altérité absolue de l’époque et son essence.


"L’époque étant arrêt, suspension, comme l’indique le mot grec ἐποχή d’où vient le français « époque ». C’est ce que dit Bossuet dans sa célèbre formule (« Dans l’ordre des siècles, il faut avoir certains temps marqués par quelque grand événement auquel on rapporte tout le reste. C’est ce qui s’appelle époque, d’un mot grec qui signifie s’arrêter, parce qu’on s’arrête là, pour considérer comme d’un lieu de repos tout ce qui est arrivé devant ou après ». C’est ce que disent aussi Rosenzweig (« Dans le passé, il y a cette juxtaposition des heures ; là, il existe des époques, des points d’arrêt dans le temps », ER, 399) et Heidegger (« Faire halte se dit en grec : ἐποχή», Q IV, 24). L’époque terminale seule serait pleinement et définitivement arrêt, suspension, époque : c’est l’époque fixe."
JURANVILLE, 2017, HUCM

CREATION, Historicité, Autre, Existant

En tant que créateur, tout existant participe de l'historicité. Laquelle s'accomplit précisément dans la création, qui représente son objectivité absolue. L'historicité suppose donc, tout d'abord, la Création par l'Autre absolu (même si elle s'accomplit par la création humaine), parce qu'il faut bien que l'existant ait reçu de cet Autre toutes les conditions pour s'établir lui-même dans son autonomie et devenir créateur.


"L’historicité se donne au savoir comme création. Car l’histoire, toujours d’abord chassée de son immédiateté par l’existant, est acceptée par lui pour autant qu'il s'établit dans son autonomie (un mode de l'immédiateté) et qu'il veut la faire reconnaitre de tous. Autonomie et vérité, ce qui définit la création. L'existant, par son œuvre propre, participe au déploiement de l'histoire, puisque toute œuvre requiert un monde où elle puisse être reconnue de tous et invite chacun à entrer à son tour dans son œuvre d'individu. La création est l'objectivité absolue de l'historicité et ce dans quoi elle s'accomplit. Comme création par l'existant radicalement fini, elle suppose que celui-ci en ait reçu les conditions (grâce, élection, foi) de l'Autre absolu. Elle suppose donc la Création par l'Autre absolu, puisque ces conditions font de l'existant l'œuvre de cet Autre."
JURANVILLE, 2017, HUCM

OEUVRE, Commencement, Décision, Historicité

Commencer une oeuvre et s'y consacrer pleinement relève d'une décision toujours à renouveler, car la tentation d'abandonner ne laisse pas elle-même de se répéter. Deux insistances antagonistes à ne pas perdre de vue. Car nulle oeuvre ne sera suffisamment consistante qui n'ait été menée à terme, ou dans tous les cas dont on ne puisse rendre compte.


"Nul commencement pour le sujet existant, sinon celui qu’il doit effectuer, s’arrachant à son indécision, pour mener à bonne fin son œuvre propre. Et un tel commencement devra être répété, d’un tel commencement on devra répondre, jusqu’à ce que l’œuvre ait été produite avec toute sa consistance. Car sans cesse on sera tenté de croire qu’on en a fait assez, et donc de fuir son historicité essentielle - historicité de qui a à mener à bonne fin l’histoire d’une œuvre."
JURANVILLE, 2017, HUCM

COMMENCEMENT, Décision, Liberté, Historicité

L'historicité vraie ne consiste pas à se conformer à une tradition, à un passé censé se répéter, mais à répondre à l'exigence de l'Autre en accueillant librement sa loi. Ainsi s'effectue le véritable commencement, par une décision qui fait acte. Négation (de la fausse objectivité de l'ordre existant) et liberté (d'accueillir la loi de l'Autre), cela définit bien la décision, pleinement existentielle, et l'objectivité absolue du commencement.


"Le commencement se donne au savoir comme décision. Car, à la place de l’historicité vraie, de l’exigence venue de l’Autre de mener l’histoire jusqu’à son terme, s’établit en fait toujours d’abord une historicité fausse, d’appartenance à un monde social légué par le passé et censé devoir se répéter toujours le même. Commencer, commencer vraiment, nier l’historicité fausse et s’engager dans la vraie, c’est alors avant tout, accueillant dans son immédiateté à soi la loi de l’Autre, l’éprouver comme liberté véritable et nier qu’il y ait aucune pareille liberté dans l’appartenance au monde social traditionnel (ou dans l’autonomie abstraite de la subjectivité moderne). Or négation et liberté, cela définit la décision."
JURANVILLE, 2017, HUCM