La psychanalyse n'est pas une science, car comment vérifier une hypothèse et une méthode qui sont mises en oeuvre et ne s'éprouvent que par le seul amour de transfert ? Elle est bien plutôt un discours spécifique, celui qui pose l'existence de l'inconscient en tant qu'Autre, au-delà de la seule parole de l'analysant qui est pourtant invitée à éclore au sein de ce dispositif. Pour Lacan, le discours est « une structure nécessaire qui dépasse de beaucoup la parole, toujours plus ou moins occasionnelle ». C'est pourquoi, en tant qu'il est tenu initialement par l'analyste, occupant la place silencieuse de l'objet-déchet, ce discours est qualifié paradoxalement de "discours sans parole" par Lacan, « ce qui ne désigne rien d’autre que le discours que supporte l’écriture » précise-t-il.
"Le psychanalyste fait donc passer son affirmation de l’inconscient, pour autant qu’il tient son discours de la place silencieuse de l’objet sexuel comme déchet. Ce qui peut sembler paradoxal, puisqu’il s’agit d’un discours. Mais, pour Lacan, le discours est « une structure nécessaire qui dépasse de beaucoup la parole, toujours plus ou moins occasionnelle ». Et il dit, de manière provocante : « L’essence du discours psychanalytique est un discours sans parole. » Le discours psychanalytique se caractérise, c’est bien connu, par le silence du psychanalyste. Un tel silence (de l’espèce de celui que nomme Yves Bonnefoy quand il dit : « Insinue dans ce cœur, pour qu’il ne cesse pas, Ton silence comme une cause fabuleuse ») ne se contente pas de faire taire le bavardage pour laisser venir une parole vraie. En tant qu’il soutient un discours, il suppose une écriture (le « discours sans parole » est, pour Lacan, « ce qui ne désigne rien d’autre que le discours que supporte l’écriture ». Dire silencieux certes, mais le discours psychanalytique énonce quand même l’affirmation de l’inconscient et il reçoit tout un développement de la place du patient-analysant, Lacan soulignant que, par rapport à son auditoire, lui-même est à cette place (« À votre égard, je ne puis être ici qu’en position d’analysant »."
JURANVILLE, 2010, ICFH
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INDIVIDU, Oeuvre, Passion, Ecriture
En tant que difficile travail de la forme, écriture, recherche d'unité et de consistance, l'oeuvre est toujours vécue intérieurement, par l'individu, comme sa Passion propre (comprenant les quatre passions fondamentales que sont l’angoisse, la culpabilité, la honte et la peur.)
"L’œuvre est ensuite l’intérieur de l’œuvre. C’est l’œuvre en tant que travaillée, ou encore l’œuvre en tant que produite par un individu qui est lui-même travaillé. C’est l’œuvre en tant qu’écriture, et donc forme – mais une forme qui, à la différence de ce qui a lieu dans les objets ordinaires, se constitue imprévisiblement, à partir de la matière, dans l’épreuve de la finitude radicale. Épreuve de l’unicité conduite, dans l’œuvre, par l’individu, jusqu’à l’unité et identité objective. L’œuvre implique, pour l’existant comme matière et mère, une souffrance, une passion. Du fait de l’exigence d’absolue consistance qui y est éprouvée. Et du fait de la fuite, toujours d’abord, de l’existant devant cette exigence. Elle implique donc, pour l’existant, la traversée de ce que nous avons appelé sa passion propre, c’est-à-dire des quatre passions fondamentales que sont, dans l’ordre, l’angoisse, la culpabilité, la honte et la peur."
JURANVILLE, 2007, EVENEMENT
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