L'individu est présupposé par toute la philosophie antique, comme l'a bien thématisé Foucault avec le "souci de soi", qui est aussi un souci des autres, mais toujours dans le cadre d'une maîtrise supposée par un savoir (théorique, chez Socrate, ou pratique, chez les stoïciens), qui ne pointe pas l'individu comme fin en soi.
"Si un discours philosophique véridique peut être déployé et proposé, ce ne peut être, pour Foucault, que par l'individu en tant qu'il échappe à toute idéologie, à tout discours totalitaire, à toute totalité sociale écrasante, à toute forme de paganisme... Par un individu qui fait l'épreuve de sa finitude et qui n'est apparu pleinement, pour Foucault, qu'avec le christianisme, même s'il est certes supposé par toute la philosophie antique... Mais, transcendance socratico platonicienne ou immanence stoïcienne, l'individu dans l’Antiquité ne peut être conçu comme tel : le socratisme moral du Nul n'est méchant volontairement l'empêche, de même que la recherche stoïcienne d'une « maîtrise totale et parfaite de soi-même » où l'Autre (décisivement l'Autre humain) n'est qu'un moyen passager."
JURANVILLE, 2021, UJC