L'autonomie offerte par la grâce de l'Autre nécessite d'être confirmée, posée comme telle face au rejet que principalement l'existant lui oppose, par finitude radicale : c'est l'élection qui seule permet d'accomplir cette finitude, cette fois comme essentielle, quand la grâce ne fait qu'en prendre acte (c'est elle aussi qui permet à l'existant de rendre grâce à l'Autre). Avec l'élection l'existant pose l'autonomie avec la singularité (où l'on s'engage, soi, à poser la loi juste) et pas seulement avec l'altérité (où l'on reconnait simplement l'Autre comme lieu de la loi). On comprend que si l'élection, tout comme la grâce, est communiquée à tous, elle n'est reçue que par quelques uns, toujours en raison de la finitude : « il y aura beaucoup d’appelés, et peu d’élus » est-il écrit. Tout comme la grâce, elle est communiquée par celui qui a accepté de la recevoir, car, ayant produit l'oeuvre (c'était son but) elle se fausserait de ne pas se tourner - par grâce - vers l'Autre.
ELECTION, Finitude, Autonomie, Singularité
DESTIN, Question, Peur, Singularité
Celui qui pose la question essentielle présuppose avoir reçu de l'Autre les conditions de son autonomie pour s'engager dans la quête du savoir et de l'œuvre reconnue. Qu’est-ce qui lui fait donner une vérité objective à la peur et dépasser le tragique pour instituer un monde juste ? Le destin. Car la loi qui appelle le fini à l’autonomie est d’abord rejetée par le monde social ; il faut alors la reconstituer contre les autres et pour les autres. Cela suppose de s’établir dans sa singularité et d’en donner vérité - définition même du destin.
COMMENCEMENT, Election, Folie, Altérité
"L’élection est l’altérité absolue du commencement et son essence. Elle est, parmi les conditions venues de l’Autre, celle qui fait rompre avec le sujet social ordinaire et entrer dans la folie sublime et douce de l’oeuvre. Elle est offerte à tous, mais tous n’en paieront pas le prix - « car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus ». Elle est le fait, éminemment, du Christ."
JURANVILLE, 2017, HUCM
CHRISTIANISME, Altérité, Singularité, Judaïsme
L'on pouvait croire que le christianisme, religion de l'altérité découlant de la révélation, aurait su préserver historiquement cette altérité que les religions païennes avaient tant falsifiée. Il n'en a rien été car le christianisme s'est paganisé à son tour, en faisant de l'Autre divin une figure surmoïque et en désignant l'individu humain - nié dans sa singularité - comme sa victime sacrificielle. Afin de restituer l'individu dans sa singularité, en tant que porteuse d'altérité, le christianisme doit donc reconnaître la vérité du judaïsme, lequel se définit justement comme altérité et singularité.