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ELECTION, Finitude, Autonomie, Singularité

L'autonomie offerte par la grâce de l'Autre nécessite d'être confirmée, posée comme telle face au rejet que principalement l'existant lui oppose, par finitude radicale : c'est l'élection qui seule permet d'accomplir cette finitude, cette fois comme essentielle, quand la grâce ne fait qu'en prendre acte (c'est elle aussi qui permet à l'existant de rendre grâce à l'Autre). Avec l'élection l'existant pose l'autonomie avec la singularité (où l'on s'engage, soi, à poser la loi juste) et pas seulement avec l'altérité (où l'on reconnait simplement l'Autre comme lieu de la loi). On comprend que si l'élection, tout comme la grâce, est communiquée à tous, elle n'est reçue que par quelques uns, toujours en raison de la finitude : « il y aura beaucoup d’appelés, et peu d’élus » est-il écrit. Tout comme la grâce, elle est communiquée par celui qui a accepté de la recevoir, car, ayant produit l'oeuvre (c'était son but) elle se fausserait de ne pas se tourner - par grâce - vers l'Autre.


"Le fini refusait implicitement la vraie grâce ; il refuse explicitement la vraie élection, et la rupture qu’elle exige. Si elle se communique, c’est finalement pour autant qu’elle reconnaît qu’elle a elle-même besoin de la grâce, pour autant que l’œuvre une fois accomplie se tourne par grâce vers son Autre et en espère la grâce en retour. Tel est le mouvement qu’effectue le discours philosophique, mais aussi, décisifs pour l’histoire que veut ce discours, le peuple juif et, éminemment, Dieu comme Fils."
JURANVILLE, 2000, JEU

DESTIN, Question, Peur, Singularité

Celui qui pose la question essentielle présuppose avoir reçu de l'Autre les conditions de son autonomie pour s'engager dans la quête du savoir et de l'œuvre reconnue. Qu’est-ce qui lui fait donner une vérité objective à la peur et dépasser le tragique pour instituer un monde juste ? Le destin. Car la loi qui appelle le fini à l’autonomie est d’abord rejetée par le monde social ; il faut alors la reconstituer contre les autres et pour les autres. Cela suppose de s’établir dans sa singularité et d’en donner vérité - définition même du destin.


"Une telle vérité de la singularité définit le destin. C’est donc le destin, thème majeur à nouveau chez Heidegger, qui « met en question » le sujet, au sens, en fait, de le mettre « dans la question », et de le conduire jusqu’au terme de cette question. Destin qui est ainsi ce qui fait peur, ce qui cause la peur, quand la question en est l’acte."
JURANVILLE, JEU, 2000

COMMENCEMENT, Election, Folie, Altérité

D'abord les hommes s'effraient des vrais commencements, ils refusent toute folie essentielle - et même toute vérité philosophique que l'on pourrait en tirer - pour en rester à la folie sociale ordinaire, traditionnelle, répétant toujours les mêmes sacrifices. Les vrais commencements nécessitent une élection, qui conjoigne singularité (pour s'affranchir de la loi commune et endosser la loi de l'Autre) et autonomie (pour affronter l'opposition se dressant a priori contre toute altérité) : élection qui se présente donc comme l’altérité absolue du commencement et son essence, et la solution à sa contradiction subjective.


"L’élection est l’altérité absolue du commencement et son essence. Elle est, parmi les conditions venues de l’Autre, celle qui fait rompre avec le sujet social ordinaire et entrer dans la folie sublime et douce de l’oeuvre. Elle est offerte à tous, mais tous n’en paieront pas le prix - « car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus ». Elle est le fait, éminemment, du Christ."
JURANVILLE, 2017, HUCM

CHRISTIANISME, Altérité, Singularité, Judaïsme

L'on pouvait croire que le christianisme, religion de l'altérité découlant de la révélation, aurait su préserver historiquement cette altérité que les religions païennes avaient tant falsifiée. Il n'en a rien été car le christianisme s'est paganisé à son tour, en faisant de l'Autre divin une figure surmoïque et en désignant l'individu humain - nié dans sa singularité - comme sa victime sacrificielle. Afin de restituer l'individu dans sa singularité, en tant que porteuse d'altérité, le christianisme doit donc reconnaître la vérité du judaïsme, lequel se définit justement comme altérité et singularité.


"Le christianisme semblait devoir être l'unique religion vraie découlant de la révélation. Une religion qui, tenant compte de la falsification toujours d'abord, par le sujet social, de l'altérité, proclamait, contre toute religion naturelle, païenne, l'altérité essentielle. Une religion qui mettait l'altérité essentielle non seulement dans le rapport de l'Autre absolu avec les humains (pour lequel ceux-ci sont alors des Autres vrais), mais aussi au sein même de cet Autre (c'est le Dieu trinitaire). Une religion qui, par excellence, appelait les humains à se rapporter les uns aux autres selon cette altérité.
En fait, se repaganisant, le christianisme tend lui aussi à fausser l'altérité dont il se réclame. A faire de l'autre homme comme tel sa victime sacrificielle. A ne pas accepter que cet homme soit lui-même, dans l'identité qu'il a comme Autre, dans son individualité, dans sa singularité individuelle.
Le christianisme doit donc, pour être la religion vraie qu'il doit être, laisser place à la singularité. Et même à la singularité en tant qu'à partir de soi elle déploie une religion vraie — une religion non plus avec l'altérité, mais avec la singularité. Ce qui définit selon nous le judaïsme."
JURANVILLE, FHER, 2019