La création s'exerce par la nomination, divine d'abord (comme il est rapporté dans la Genèse), humaine ensuite pour donner consistance aux choses. "Dieu se reposa lorsque dans l’homme il eut déposé son pouvoir créateur" et lorsque "les choses reçoivent leur nom de l’homme" écrit Benjamin. Ensuite Dieu créa la femme afin que l'homme ne se sente pas seul, à partir d'une côte prélevée sur l'homme (on peut voir dans cette partie désormais manquante le Phallus dont parle la psychanalyse) : elle devient dès lors son semblable et son égale. Cependant la puissance créatrice ne tarde pas à se fausser chez l'homme, à se transformer en rivalité avec Dieu (adoration d'idoles fausses, sacrifices, prétention par la magie d'égaler Dieu... toute la panoplie du paganisme). C'est bien parce qu'un matriarcat s'installe, célébrant la Nature plutôt que le divin, ou le corps maternel plutôt que la parole paternelle, que la tentation - ourdie par le serpent-phallus (prétendant effacer la castration) - touche d'abord la femme, puis l'homme immédiatement, puisqu'il ne tarde pas à croquer à son tour dans la pomme (objet partiel du corps maternel). Même finitude donc, chez l'homme et la femme, qu'ils devront assumer (et non pas nier) dans le désir et la sexualité comme moyen de se tourner vers l'Autre, de le "connaître", et bien sûr moyen de procréer ...des semblables, d'autres créatures de Dieu.
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CREATION, Nomination, Homme, Dieu
"En fait, conformément à ce que dit le chapitre I de la Genèse (« Mâle et femelle il les créa » – pour la reproduction, comme les animaux), et de même si l’on suit les chapitres ii et iii, l’homme et la femme sont rigoureusement égaux, dans leur finitude humaine. Car, si la femme est tentée la première, par le serpent qui incarne l’ordre matriarcal traditionnel, l’homme l’est aussitôt après, par la femme qui lui tend la pomme. Laquelle n’est autre que le corps maternel ou une partie de ce corps, l’objet pulsionnel (ou objet a de Lacan), avec quoi il va tenter de combler son manque (celui qu’a provoqué l’extraction de la côte, ou encore la castration symbolique). Dès lors l’homme désirera pour autant qu’au lieu de tenter de le combler par la pomme, il laissera se creuser ce manque et l’assumera en se rapportant à l’Autre; et la femme désirera pour autant que, sans manque apparent à l’origine, mais finie et ayant cédé à la tentation du serpent-phallus, l’ayant envié, elle assumera elle aussi son manque. Ce désir, en l’un et l’autre sexes, se forme à partir de la tentation par l’objet partiel (pomme ou serpent-phallus), est toujours d’abord, en cela, désir sexuel, voué, comme le voulait l’Autre divin, à la reproduction. Laquelle, pour les humains, devient procréation, production de semblables spirituels qui auront à être voulus et aimés comme Autres vrais."
JURANVILLE, 2024, PL
INDIVIDU, Homme, Chose, Quadriparti, HEIDEGGER
Il existe chez Heidegger un Quadriparti propre à l'individu, au Dasein, articulant la relation réciproque de l'homme et de l'être sous la forme : être-objet-sujet-homme ; il reprend le Quadriparti analytique, celui de l'acte de parole : objet-sujet-Autre-chose, mais ici sous la forme chose-objet-sujet-Autre (l'être n'étant pas objet, devenant chose, l'homme ou l'individu devenant Autre, pour entrer dans sa création propre qui est Passion).
"Il doit y avoir une nouvelle figure du quadriparti, propre à l’individu, au Dasein. Et c’est ce qui se découvre dans le texte « Contribution à la question de l’être », où Heidegger revient sur la double relation « de l’être à l’essence de l’homme » et « de l’homme à l’ouverture (“là”) de l’être ». Il la présente maintenant ainsi. D’une part, « être-présent (“être”) est, en tant qu’être-présent, chaque fois être-présent à l’être de l’homme, dans la mesure où être-présent est le Rappel qui appelle chaque fois l’être-de-l’homme » : pas d’être qui ne soit pour l’homme. D’autre part, « l’être-de-l’homme est, en tant que tel, obédient, parce qu’il appartient au Rappel qui l’appelle, à l’être-présent » : pas d’homme qui ne soit pour l’être. Se dégage alors, parce que l’« être » ne se confond pas avec l’objet, ni l’« être-de-l’homme » avec le sujet, le quadriparti suivant : être-objet-sujet-homme. Quadriparti qui est de la forme chose-objet-sujet-Autre, comme celui de la parole (l’acte créateur dans sa possibilité éternelle – quadriparti du Verbe : objet-sujet-Autre-chose), sauf qu'ici il est question de l'homme en tant qu'individu, lequel n’est plus à la place de la chose, mais de l’Autre. Ne fallait-il pas que la créature, la chose créée, l’homme, accédât de la place de chose à celle d’Autre, entrât dans sa création propre, devînt l’Autre de son Autre. Éminemment, en l’Autre absolu comme Fils, plus le quadriparti du Verbe, ni le quadriparti de l’Incarnation, mais le quadriparti de la Passion."
JURANVILLE, 2000, JEU
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