Affichage des articles dont le libellé est Symptôme. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Symptôme. Afficher tous les articles

ESPRIT, Symptôme, Une-bévue, Connaissance, LACAN

Dans ses derniers séminaires (notamment "L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre", 1976-77), Lacan tente d’aller « au-delà de l’inconscient ». L’« une-bévue » (lapsus volontairement déformé) représente cette dimension supplémentaire : elle n’est pas seulement un effet du langage, mais une manifestation de l’esprit — une « fulguration » de sens. L’esprit, ici, correspond à ce surgissement de sens au sein même du signifiant. Loin d’être seulement symbolique, il a une consistance réelle. L’imaginaire n’est donc pas un simple leurre : il constitue un autre réel. C’est dans ce contexte qu’il réintroduit, contre sa position antérieure, l’idée de connaissance : dans la cure, il s’agit pour le sujet de savoir faire avec son symptôme. Ce « savoir-faire », produit final de l’analyse, équivaut à une forme de connaissance pratique – ni savoir théorique, ni pure illusion. Juranville souligne alors l’hésitation de Lacan devant la notion d’esprit, qui reste implicite. Deux voies s’ouvrent à lui. Première possibilité (fidélité à Freud) : l’esprit est un symptôme. Tout ce qui est mental (psychique) relève du sintôme, du signe. Lacan affirme ainsi que toute invention, même la sienne (la théorie du réel), est une réponse symptomatique à Freud. Dans cette perspective, la création ou la pensée même sont de nature névrotique : nommer, c’est déjà répondre à une demande inconsciente (celle du Nom-du-Père). Seconde possibilité (que Lacan évite) : reconnaître dans cette invention quelque chose au-delà du symptôme, c’est-à-dire une véritable réalité de l’esprit, ou une sublimation. Mais en insistant sur la névrose et en ramenant toute invention au symptôme (y compris la religion ou la réparation symbolique), Lacan évite d’assumer le concept d’esprit.


"Après le Père et le Fils, apparaît au troisième moment l’Esprit. Paradoxe considérable pour la théorie de l’inconscient, et Lacan ne se dirige que malgré lui vers l’idée d’une réalité effective de l’esprit... Donner à « quelque chose » le nom de « réel » relève bien d’une certaine manière de la névrose, comme toute nomination. Mais ce n’est pas l’essentiel de l’invention. Insister sur l’irréductible névrose (par exemple sous la forme de la religion), avancer par exemple qu’on peut « réparer par un symptôme au point même où le lapsus s’est produit », dissimuler la présence de la sublimation dans la « bonne espèce » de névrose, cela permet à Lacan d’éviter le problème de l’esprit."
JURANVILLE, 1984, LPH