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CHOSE, Réalité, Unité, Existence

Pour poser la finitude comme bonne et vraie pour chacun, et ainsi assumer l'abandon essentiel (sans retomber dans des formes faussées de l'abandon), il convient de poser la Chose dans son unité et dans sa réalité. D'abord présente dans l'Autre absolu, donc dans l'inconscient, la Chose advient par un acte de parole qui est création, donc en toute chose dès lors qu'elle est nommée. Une création qui se fait dans le temps réel, c'est pourquoi ni la métaphysique ni l'empirisme ne connaissent la Chose : soit l'on concevra métaphysiquement une sorte d'unité supratemporelle, mais sans réalité pour le sujet, soit l'on admettra l'existence d'une réalité empirique, mais dont l'unité ne sera que nominale ou formelle, là encore hors du temps. Quant à la Chose kantienne, quand bien même elle existe "derrière" le phénomène, elle reste "en soi" inconnaissable et muette - et même si elle "se fait" connaître au sujet, sur le plan pratique, comme un idéal impossible à atteindre. La Chose réapparait dans sa vérité avec la philosophie de l'existence, dès lors que celle-ci admet la réalité d'un temps pur où le sens n'est jamais anticipable et où l'on est, toujours par conséquent, confronté au non-sens (sens et non-sens que récusent respectivement l'empirisme et la métaphysique, rappelons-le). Ainsi la Chose apparaît au coeur de l'existence, pour Heidegger, comme ce qui contient l’Ereignis, et comme ce qui enfante ("rassemble") le monde vrai autour de son propre vide, selon la structure du Quadriparti (Geviert). Ainsi encore la Chose est introduite dans sa vérité, par Lacan, comme Chose parlante ("moi la Vérité je parle") et plus généralement comme la passion de la parole ("ce qui du réel pâtit du signifiant") - en tout cas elle est davantage que cet illusoire souverain Bien, objet du désir, que Lacan évoque le plus souvent. Mais cette chose bien réelle, existante ou inconsciente, n'est jamais présentée dans son unité consistante, faute d'avoir fait de l'inconscient l'essence même de l'existence (ce que seule une raison philosophique, déployant la structure quaternaire de l'inconscient jusqu'à la totalité de l'existence, peut assumer).


"Qu’est-ce en effet la chose dont nous avons déjà si souvent parlé ? L’unité de la réalité. La réalité (realitas, détermination propre de la res, de la chose), mais en tant que cette réalité est prise dans son unité. Chose qui est d’abord en l’Autre absolu, et qui, par la création, advient ensuite, comme chose créée, dans le fini, dans la créature. Une telle chose, qui est la forme la plus générale du principe du savoir vrai, se détermine finalement, pour le sujet fini, comme chose inconsciente, l’inconscient même... (...) Mais ni Heidegger (et ce que nous appelons la pensée de l’existence), ni Lacan (dont le discours psychanalytique prolonge cette pensée), n’acceptent que puisse être posée comme telle l’unité de la chose existante et inconsciente, et que puisse être justifiée à partir du principe la nécessité de la structure quaternaire. Montrons au contraire, quant à nous, que c’est ce que permet l’inconscient quand il est repris dans le discours philosophique et reconnu, par ce discours, comme l’essence de l’existence."
JURANVILLE, 2000, JEU

CHOSE, Objet, Sujet, Unité

La Chose n'est pas l'objet, mais c'est pourtant ainsi qu'elle se donne d'abord au sujet, l'objet présentant la seule forme d'unité compatible avec la fausse unité que le sujet se donne toujours d'abord, parce que la confrontation avec la Chose réelle ferait voler en éclats celle-ci. Il n'en demeure pas moins que la tâche d'"élever l'objet à la dignité de la Chose", dans la création, incombe au sujet - à la fois pour que la Chose soit reconnue comme différente de l'objet, et pour qu'elle se présente effectivement au sujet dans l'objet.


"Laisser venir la chose, c’est donc, pour le sujet fini, d’une part et d’abord, reconnaître la chose au-delà de l’objet, la chose en tant qu’unité en soi, au-delà de l’objet en tant qu’unité pour lui – car l’objet est toujours d’abord faussement déterminé. Et, d’autre part et ensuite, faire que peu à peu l’objet se conforme à la chose, « élever l’objet », et non pas formellement mais réellement, « à la dignité de la chose » – car une chose qui ne deviendrait pas, comme telle, objet, ne serait rien pour le sujet. C’est ainsi par l’objet, par l’objet devenant peu à peu objet vrai, absolu, que se donne, qu’ex-siste la chose pour le sujet fini. L’objet qui est la chose en tant que posée."
JURANVILLE, 2000, JEU

DISCOURS METAPHYSIQUE, Pouvoir, Totalité, Unité, PARMENIDE

Le discours métaphysique récuse la Question philosophique puisqu'il part du postulat que le sens est déjà là, présent dans la totalité du monde, et qu'il suffit de le reconnaître (par la voie de l'initiation, réservée à quelques un). Il y a une vérité pour chaque chose de ce monde et chaque chose n'existe qu'en hommage, pourrait-on dire, à la totalité. C'est le discours fondateur, celui qui institue le discours comme pouvoir ou instrument de pouvoir ; c'est donc, par excellence, le discours politique. Celui-là même que Lacan appelle Discours du maître, en le confondant d'ailleurs avec le discours philosophique, lequel n'est identifiable véritablement qu'avec Socrate et Platon. En Grèce, le discours métaphysique se présente exemplairement chez Parménide, dont l'enseignement se résume à deux principes : 1) « L’être est, le non-être n’est pas », donc la négativité (doute, erreur, différence même) ne sont qu'illusions (ce que contestera Platon dans le Sophiste), 2) « C’est la même chose que penser et être », c'est-à-dire que la pensée est le moyen par lequel l'être se présente comme Un : la pensée tisse les relations nécessaires pour ramener tout étant à l'être, toute partie au Tout, et finalement l'être à l'Un. Le principe de la pensée spéculative, méthode du discours métaphysique, tient à ceci : Etre-un, c'est penser, et réciproquement. La même pensée du Tout se retrouve chez Héraclite, même s'il met l'accent sur le devenir plutôt que sur l'Etre éternel : pour lui également l'être individuel n'a aucune réalité face au grand principe ordonnateur du monde qu'est le Logos.

"Si l’on considère l’objet du questionnement philosophique, et que l’on souligne que le caractère fictif de l’objet rendrait vain le questionnement même, on est conduit à ce discours que nous avons appelé métaphysique. Pour lui, ce que poursuit le questionnement philosophique existe, il y a une vérité pour tout ce qui est ; on pourrait dire que les choses sont faites pour que l’homme les pense... Le discours métaphysique est le discours totalisant sur lequel se fonde tout discours politique, en tant qu’essentiellement justificateur, et a fortiori toute idéologie... Et c’est de ce discours métaphysique, trop souvent confondu avec la philosophie elle-même et le discours que nous appellerons philosophique, que Lacan, croyant parler de la philosophie, dira qu’il est le « discours du maître ».
JURANVILLE, LPH, 1984

INDIVIDU, Oeuvre, Chose, Unité

L'individu s'accomplit dans l'oeuvre, qui donne vérité à la chose, laquelle donne réalité à l'unité.

"L’individu est ensuite œuvre, par et dans quoi il s’accomplit. Ce qu’il faut, c’est que l’identité, et donc d’abord l’unité, reconnue (car ce qui est reconnu dans l’identité, c’est d’abord l’unité) ne soit pas celle du maître ordinaire, mais une identité, et d’abord une unité, constituée à partir du réel imprévisible de la finitude radicale. Or unité et en même temps réalité, cela définit selon nous la chose. Ce qu’il faut donc, c’est que cette chose soit reconnue de tous, c’est qu’à cette chose – que l’existant est censé être devenu dans la solitude, où l’épreuve de l’unicité est menée jusqu’à l’un – vérité soit donnée. Mais chose et en même temps vérité, cela définit selon nous l’œuvre."
JURANVILLE, 2007, EVENEMENT