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CHOSE, Désir, Sujet, Castration, LACAN

La Chose est l'Autre originaire du désir, l'Autre réel. Elle incarne à la fois la plénitude absolue (celle que suppose le désir) et l'impossibilité d'une telle plénitude, du fait même qu'elle se signifie comme désirante - s'infligeant par-là même la castration et l'infligeant au sujet.


"Chaque fois qu’une chose est rencontrée comme telle, le temps du monde s’abolit, avant d’être réinstitué. Et chaque chose est la Chose. C’est-à-dire l’Autre originaire du désir, l’Autre réel... Elle n’est autre que le réel de l’autre sujet, rencontré quand le désir de l’un se heurte au désir de l’autre. Lacan dit de la Chose qu’elle est « le vrai, sinon le bon sujet, le sujet du désir ». Soit encore le corps traversé par la castration."
JURANVILLE, 1984, LPH

CHOSE, Désir, Manque, Phallus

La Chose est distincte de l'objet "a' cause du désir, comme elle est distincte du signifiant Phallus qui maintient le désir. Le Phallus se substitue précisément à la plénitude manquante de la Chose. Si dans le réel la Chose est signifiante pour le sujet, si elle lui "parle", en somme si elle désire, c'est en effet qu'elle manque tout en causant le manque dans le sujet.


"L’épreuve du réel comme dimension radicale du signifiant, c’est la rencontre originaire avec le manque de la plénitude. En celui-ci se situe la Chose. Si l’on doit partir du signifiant verbal, elle est le signifiant incarné, réel. Le désir n’est suscité originairement par rien d’autre. Ce n’est qu’ensuite, après le heurt avec le manque de la plénitude, que le signifiant phallique peut s’établir."
JURANVILLE, 1984, LPH

CHOSE, Désir, Interdit, Mère, LACAN

La Chose, bien qu’elle apparaisse comme l’objet premier et absolu du désir, demeure mythique. Les lois de la parole, dont les Dix Commandements sont une émanation, instaurent une distance rendant sa jouissance impossible, au-delà d’une simple interdiction. En effet, en déduire que le désir lui-même puisse être interdit n'est qu'une interprétation névrotique de la loi, laquelle dicte, au contraire, de désirer. La mère réelle, dans l'histoire et dans la structure psychique du sujet, occupe généralement la place de la Chose, mais elle n'est pas la Chose, dont l'absence se solde par l'émergence du signifiant Phallus, grand ordonnateur du désir. Certes la mère semble bien interdite d'après la loi de la prohibition de l'inceste. Seulement il est vain de fonder le désir sur cette loi interdictrice ; car c'est plutôt le désir qui fait loi, et il ne se fonde que sur le manque fondamental de la Chose, qui divise également le sujet : ceci est la castration, propre au sujet parlant, que l'interdit (et donc le complexe d'Oedipe) cherche précisément à faire oublier. A contrario Oedipe est "celui qui n'a pas de complexe d'Oedipe", celui dont le désir est "de savoir le fin mot sur le désir", dixit Lacan, quitte à en payer le prix.


"Il faut donc distinguer : d’un côté la loi de la castration telle qu’elle est inscrite dans la parole, et l’attitude éthique qui veut qu’on s’y confronte ; de l’autre l’interdit, qui est la forme sous laquelle la loi se présente dans le complexe d’Œdipe, et l’attitude névrotique qui consiste à fuir le désir et à se préserver imaginairement de la castration qu’il implique. Si Œdipe, le vrai, celui de la tragédie, celui qui « n’a pas de complexe d’Œdipe », proclame au terme de sa vie le μὴ φύναι, « plutôt ne pas être », c’est pour Lacan la marque d’une existence humaine parfaitement accomplie, où l’on ne meurt pas de la mort de tous, d’une mort accidentelle, mais de la vraie mort où l’on raille soi-même son être. Parce que le désir d’Œdipe, c’est « de savoir le fin mot sur le désir », il est prêt à franchir la limite. En face du « héros » qui n’est autre que l’être moral, Lacan place celui qui fuit ce lien de son désir et de la mort, et trouve refuge dans l’Œdipe, dans le complexe d’Œdipe."
JURANVILLE, LPH, 1984

PHALLUS, Castration, Signifiant, Désir

Le signifiant, par nature, implique son propre effacement : c'est cette fonction que remplit originellement le phallus, en tant que signifiant non verbal, à la fois en se substituant à l'objet et en disparaissant lui-même pour laisser place au langage - et au désir. Le phallus est ce qui dans le langage laisse à désirer, fait désirer ; il porte en lui l'absence de la Chose, l'objet fondamental du désir. Enfin, en tant qu'il se fait représenter par le Nom-du-Père dans le langage, il instaure la loi - identiquement loi du désir et loi de la castration - qui assujettit le parlêtre au signfiant.


"Par la castration, le phallus advient comme signifiant. Mais que veut dire que le phallus soit signifiant ? L’analyse doit partir du signifiant originaire, qui est le signifiant verbal. C’est uniquement parce que le langage ne tient pas ce qu’il promet, et fait réellement désirer (la vérité totale), que s’impose l’existence d’un signifiant non verbal, et que le phallus apparaît comme ce signifiant... Le désir qu’il maintient et commande, n’est pas désir pour lui, mais toujours désir pour la Chose. La castration simplement « fixe » (elle est loi) la coupure où réside le sujet comme sujet du signifiant."
JURANVILLE, LPH, 1984

CASTRATION, Identification, Phallus, Désir, LACAN

Dans la constitution du sujet du désir, la castration se rapporte directement à l'identification symbolique, qui s'effectue à l'idéal-du-moi en tant que c'est la place du père réel : la castration est d'abord celle de ce père qui donne son nom, et qui se pose comme désirant (qui renonce donc aussi potentiellement à la jouissance). C'est pourquoi l'identification symbolique, qui conditionne le désir, ne peut être que phallique aux yeux de la psychanalyse (pour l'homme comme pour la femme).


"Cette identification symbolique se fait par le nom, mais aussi par ce que Lacan appelle le trait unaire. Elle vaut pour l’un et l’autre sexe. Comme sujet désirant en effet, la femme ne se distingue pas de l’homme. Disons même qu’elle est « phallique ». Le « phallocentrisme » de la théorie de l’inconscient est absolu pour ce qui est de la constitution du sujet du désir. Lacan écrit ainsi : "Le phallocentrisme produit par cette dialectique est tout ce que nous avons à retenir ici… Cette fonction imaginaire du phallus, Freud l’a donc dévoilée comme pivot du procès symbolique qui parachève dans les deux sexes la mise en question du sexe par le complexe de castration" ."
JURANVILLE, LPH, 1984

CASTRATION, Interdit, Complexe d'Oedipe, Désir, LACAN

Si la loi du désir ne peut être définie par un quelconque objet, c'est qu'elle est constituée par la castration, le manque, la finitude humaine. Mais le névrosé "oedipianisé" ramène cette loi à l'interdit paternel - qui fait accroire à un objet et à une jouissance non pas impossibles mais interdits - parce qu'il est plus facile de subir l'interdit que d'affronter la loi de la castration. L'interdit a pour fonction de refouler aussi bien le désir que la castration, de même que l'interdit intériorisé en Surmoi refoule la vraie loi et se constitue en faute morale d'après Lacan : non pas d'avoir désiré l'objet interdit (puisque la transgression, sur fond de rivalité avec le père, est la seule option laissée par le Surmoi) mais d'avoir "cédé sur son désir".


"L’analyse de l’interdit fait apparaître peu à peu tous les éléments de la structure décrite par la théorie psychanalytique sous le nom de Complexe d’Œdipe. Car si l’interdit est une forme de la loi et que la loi ne puisse être référée qu’au père, l’interdit doit venir du père. Et que peut interdire le père, sinon le désir pour cet objet même qu’il est censé désirer, et exclusivement, soit la mère ? Tout interdit renvoie à l’interdit de l’inceste. Quel rapport déterminer alors entre la loi de la castration et le complexe d’Œdipe ? La thèse de Lacan est la suivante : l’interdit (et le désir interdit, qui en est inséparable) refoule la loi de la castration. En rester au conflit avec le père interdicteur est plus facile que de se retrouver seul devant la mort présentée dans la castration."
JURANVILLE, LPH, 1984

CASTRATION, Désir, Fantasme, Phallus

Le fantasme supporte sans doute le désir, en posant l'objet comme face réelle du signifiant phallique, mais il nourrit surtout la pulsion ; c'est la castration, en érigeant cette fois le phallus au rang de signifiant, qui constitue le désir comme tel, et comme sexuel. La castration n'est pas seulement la détumescence d’après l’orgasme, soit négativement l'aphanisis du désir, elle représente aussi paradoxalement, positivement, le passage au désir et sa pérennité. Elle est la vérité partielle qui échoie à l'homme.


"Figure de ce que l’on appelle traditionnellement la finitude de l’homme. Mais c’est une figure doublement particulière : le non-sens y est éprouvé dans le sexuel, et surtout il y est inséparable du sens, qui devient lui-même sexuel. Le désir est pour la théorie de l’inconscient désir sexuel, conduisant à une plénitude qui est jouissance sexuelle ; mais jouissance qui n’est que partiellement jouissance et porte en elle "une souffrance fondamentale". La castration marque le lien du désir et du sexuel, ce qui veut dire aussi, et sur un autre plan, de la jouissance et de la souffrance."
JURANVILLE, LPH, 1984

CASTRATION, Complexe d'Oedipe, Désir, Interdit, LACAN

Le désir primordial de l'homme est marqué par la castration, mais le désir tel qu'il apparait dans le complexe d'Oedipe n'en est que la version névrotique, marquée par l'interdit. Autrement dit, avant d'être refoulé le complexe d'Oedipe est refoulant, il sert à refouler la castration, et donc le désir lui-même. Se voir interdire la mère par le père, comme si c'elle elle l'objet du désir, c'est se masquer l'insoutenable absence de la Chose, l'absence fondamentale de l'objet du désir.


"Le complexe d’Œdipe est un mythe. Pour Lacan, le complexe d’Œdipe, c’est le « rêve de Freud ». Et en tant que tel, il doit être interprété... L’Œdipe sert au refoulement de la castration. Avant d’être refoulé, il est refoulant. Et non pas simplement l’interdit paternel, mais le désir œdipien lui-même est refoulant. Désirer selon l’Œdipe, c’est refouler le désir fondamental. Devant le terrible de l’absence de la Chose, et de la pulsion de mort, l’Œdipe établit le voile du conflit avec le père. La loi comme interdictrice, comme négative, dissimule la négativité radicale de ce qui est."
JURANVILLE, LPH, 1984

AUTRE, Désir, Amour, Foi

L'amour défini comme vérité du désir, et d'abord du désir de l'Autre absolu, permet au fini de s'établir dans la foi. La foi dissipe la superstition - ainsi que la primordiale haine de Dieu - dès lors que l'Autre absolu est reconnu non seulement comme désirable mais aussi comme désirant : car l'Autre absolu se rapporte, à son tour, au fini comme à son Autre. Accepter le désir, y compris en assumant l'irréductible sexualité, ouvre le fini à la révélation, via l'amour. De son côté ce que l'Autre absolu désire, à travers son amour pour la créature, c'est qu'elle s'établisse dans son autonomie. Poser objectivement l'autonomie est également le but de la philosophie, amour (et désir) de la "sagesse", mais elle n'y parviendra qu'en déclarant sa foi dans la révélation, car sa raison finie ne sera jamais suffisamment universelle.


"Un tel amour est certes amour du fini pour l’Autre absolu, de l’homme pour Dieu. L’homme veut alors et attend la révélation. Ainsi éminemment pour la philosophie. Qui ne peut, en fin de compte, que « déclarer son impuissance » à faire elle-même accepter par tous son savoir vrai. Et qui doit dès lors proclamer sa foi en l’Autre divin qui se révèle. Mais cet amour est d’abord celui que le sujet fini suppose en l’Autre absolu. ­De cet amour la philosophie comme « amour de la sagesse » a en propre, Levinas lui-même le souligne, de donner la mesure. Car elle veut que chacun accède à l’autonomie, et au vouloir, pour tous les autres, de cette autonomie."
JURANVILLE, ALTER, 2000

AMOUR, Vérité, Altérité, Désir

Si, dans son acte, le sacrifice est renonciation, c’est par et dans l’amour qu’il s’accomplit. Il faut proclamer l'amour pour s'assurer que la relation à l'Autre impliquée dans la renonciation ou encore que l’altérité présente dans l’immédiateté, soit le désir, recevra bien vérité aux yeux de tous, puisque désir et en même temps vérité définissent l'amour. Car dans l'amour le désir est non seulement présent mais réellement accompli, dès lors que l'objet aimé désire à son tour, et réaffirme non simplement le désir tourné vers l'objet mais l'amour de l'Autre comme tel présent dans l'objet. Car le propre du vrai amour est de donner à son objet toutes les conditions pour advenir au même désir et au même amour. Paradigmatiquement, c'est l'amour de Dieu pour la créature par l'intermédiaire du Fils engendré, amour dont le Fils témoigne à son tour en donnant sens à la création, ce qu'il accomplit en donnant son propre amour à l'homme, lequel aime Dieu en retour, et décisivement son Prochain...

"Car dans l’amour il y a un désir, mais un désir d’emblée heureux (et qui ne peut pas être immédiatement déçu), d’emblée accompli et qui, simplement, attend quelque chose de l’objet comme Autre, que l’accomplissement qu’on lui suppose devienne effectif, qu’il s’établisse lui-même dans le même désir heureux présent chez celui qui aime, et dans le même amour. L’amour est donc bien désir et en même temps vérité. Surgissement du désir, du vrai désir, dans le réel, et réeffectuation, re-position de ce désir par tout existant – car un amour qui s’arrêterait à un objet ne peut être que faux, l’amour, comme le désir, allant vers l’Autre comme tel, et voulant simplement, à la différence du désir, faire advenir cet Autre dans son objet. De là la portée, pour la philosophie qui veut l’histoire, et donc la rupture, et donc le sacrifice, et donc la renonciation, de l’amour."
JURANVILLE, 2007, EVENEMENT

PHILOSOPHIE, Désir, vérité, Discours

En tant qu'il pose explicitement la question de l'être, le discours philosophique s'affronte inévitablement à la question du désir et de la vérité du désir, puisqu'il n'incarne pas la vérité absolue comme le discours métaphysique mais se présente (c'est le cas chez Platon) comme désir de vérité. D'un côté il ne peut que supposer une vérité totale comme objet absolu du questionnement et du désir, un savoir absolu et accompli ; mais d'un autre côté, se pensant précisément comme pur désir et pur questionnement, il ne peut que mettre en doute perpétuellement toute vérité et tout savoir prétendument absolus, de là il lui faut conclure aussi bien à la vérité partielle du désir. Le discours philosophique incarne donc ce paradoxe du désir, affirmant en même temps la vérité totale (objet du désir) et la vérité partielle du désir (fondé en tant que tel sur un manque radical).

"Ce n’est qu’un discours pour lequel il faut accorder une place au non-sens radical qui pourra être appelé le « discours philosophique »... La pensée de Platon nous semble ainsi illustrer parfaitement le discours philosophique - il y a sans doute une vérité comme le veut le discours métaphysique (comme accomplissement du désir inclus dans le questionnement philosophique), mais il faut aussi penser le questionnement comme mise en doute, comme situation où le désir ne s’éprouve nullement comme comblé, mais au contraire s’affronte à lui-même. Penser donc le pur désir. D’une part la vérité qu’on peut appeler totale de la pensée accomplie, d’autre part la vérité partielle du désir."
JURANVILLE, LPH, 1984

DISCOURS EMPIRISTE, Vérité, Question, Désir

Pour le discours empiriste il n'y a pas de vérité, sinon nominale, et tout est relatif à l'expérience. Bien qu'il n'émerge, comme possibilité de réponse, que de la question philosophique, il la disqualifie aussitôt comme illusoire car, pour lui, le Désir qui sous-tend cette question est lui-même une illusion. Par ailleurs, bien qu'il en condamne les limites, il se retranche derrière la rigueur démonstrative pour mieux éviter la question essentielle.

"Si l’on s’attache à la mise en doute, au caractère critique du questionnement philosophique, on rencontre la réponse qu’on peut qualifier en général d’empirisme... Pour lui, il n’y a rien à désirer, pas même le savoir. Non que le désir nous fasse concevoir des perfections illusoires, mais le désir lui-même est une illusion. Le désir valorise ce qu’il désire. Dans ces conditions, poser la question philosophique, c’est finalement se leurrer. Et la philosophie ne peut être « sauvée » que pour autant qu’elle s’attache à défaire l’homme des illusions qu’elle a elle-même produites."
JURANVILLE, LPH, 1984

METAPHORE, Nom-du-Père, Désir, Phallus, LACAN

Pourquoi la métaphore du Nom-du-Père est-elle la métaphore fondamentale, le modèle de toute métaphore ? Il faut comprendre que la métaphore, par la substitution d'un signifiant à un autre, produit un signifié qui se révèle être le même pour toute métaphore, à savoir le signifié du signifiant en général. Quel est-il ? Le passage du signifiant dans le signifié caractérise proprement le désir : un sens nouveau vient d'être créé, l'accès à la signification est désormais ouvert ; or ceci est précisément lié à la fonction paternelle en tant que le père est nommé (Nom-du-Père) par la mère, dont le désir est le grand inconnu initial, en tout cas pour l'enfant. C'est pourquoi ce signifié (le désir) ne peut être représenté que par ce signifiant spécial qu'est le Phallus - présent, par conséquent, en toute métaphore - qui, tout en restant également l'objet du désir de la mère, devient le signifiant propre du désir de l'enfant.


"Il s’agit donc qu’ici apparaisse ce que Lacan a appelé « la signification du phallus ». Le premier signifiant, pour celui qu’on désigne comme le sujet, c’est la mère comme désirante, le désir de la mère. Mais « che vuole ? », que veut-elle ? A cette question, la réponse doit être apportée par la métaphore paternelle justement. Si la mère désire le père comme l’enfant désire la mère (et c’est ce désir qui fait du désir de la mère un signifiant), cela ne signifie pas autre chose d’abord sinon que c’est ce qui manque à la mère et que le père « possède », qui devient le signifiant effectif du désir de l’enfant. Soit le phallus. Le phallus est donc « signifié au sujet »... Le fait que le désir et la signification du phallus soient signifiés en même temps conduit à lier métaphore paternelle et castration (puisque l’homme, qui « n’est pas sans l’avoir », doit pour désirer aussi, s’en trouver séparé). Et c’est là que l’autre figure essentielle de la pensée inconsciente, la métonymie, prend sa place, qui consiste dans le remplacement d’un signifiant de la chaîne par l’autre qui s’y articule, soit finalement le phallus. »"
JURANVILLE, 1984, LPH

INDIVIDU, Désir, Autre, Oeuvre

Le IX° commandement, en appelant à ne pas convoiter les biens d'autrui, montre la voie du vrai désir pour l'individu qui, certes ne s'affranchit pas du désir de l'Autre, mais l'oriente vers un objet nouveau qui ne peut être que son oeuvre propre, oeuvre toujours in fine destinée à l'Autre.

"Le IX° commandement appelle à ne pas convoiter les possessions d'autrui, à ne pas les désirer, à ne considérer comme désirable que ce qui surgit imprévisiblement comme Autre et qu'on laisse être tel. On peut soutenir que ce IX° commandement prend toute sa portée d'indiquer comment devenir individu ; en reconnaissant la sexualité comme la figure fondamentale de la finitude proprement humaine ; et en l'assumant dans un désir où elle apparaîtra comme n'entravant aucunement l'existant dans l'accomplissement de son œuvre propre. Il appelle donc au vrai désir. Vrai désir qui n'exclut pas l'imitation, le « désir mimétique ». Car, du fait de la finitude, il est inévitable d'entrer dans le désir, si on y entre, par le modèle qu'est le désir de l'Autre ; on commence inévitablement par s'arrêter à ce désir faux - complexe d'Œdipe typiquement. Mais le désir ne devient véritable que si, au-delà de toute imitation, au-delà de l'Œdipe, au-delà de tout ce qui maintient dans l'identité originelle, on se crée un objet nouveau qui peut être un Autre humain qu'on laisse venir à soi, mais qui peut être aussi une œuvre dans laquelle on s'engage, voire l'Autre divin lui-même - ces relations à un Autre étant toujours des œuvres."
JURANVILLE, UJC, 2021

INDIVIDU, Christianisme, Vérité, Désir, FOUCAULT

Foucault affirme que le discours philosophique véridique, en tant qu'il doit être tenu par un individu, assumant son désir face à tout Autre, trouve sa fondation historique dans le christianisme.

"Foucault : "Si les hommes en Occident ont été amenés à se lier à des manifestations bien particulières de vérité où ce sont eux-mêmes qui doivent être manifestés en vérité, cela tient à cet acte de véridiction tout à fait singulier qui s'appelle la philosophie". Et d'ajouter : "la subjectivation de l'homme occidental, elle est chrétienne, elle n'est pas gréco-romaine", le désir, propre à l'individu, loin d'avoir été réprimé dans l'histoire tenue ouverte par le christianisme, y étant "un quelque chose qui a été petit à petit extrait et a émergé d'une économie des plaisirs et des corps" (chez les grecs). L'existant est ainsi appelé à assumer, dans le désir (pour l'Autre) les marques de finitude (pas de morale ascétique dans le christianisme, répète Foucault) : ce qui se fait par la constitution d'un récit sur soi-même où s'énonce «une vérité, intérieure, secrète et cachée » (Foucault)."
JURANVILLE, 2021, UJC