La Chose est l'Autre originaire du désir, l'Autre réel. Elle incarne à la fois la plénitude absolue (celle que suppose le désir) et l'impossibilité d'une telle plénitude, du fait même qu'elle se signifie comme désirante - s'infligeant par-là même la castration et l'infligeant au sujet.
CHOSE, Désir, Sujet, Castration, LACAN
CHOSE, Désir, Manque, Phallus
La Chose est distincte de l'objet "a' cause du désir, comme elle est distincte du signifiant Phallus qui maintient le désir. Le Phallus se substitue précisément à la plénitude manquante de la Chose. Si dans le réel la Chose est signifiante pour le sujet, si elle lui "parle", en somme si elle désire, c'est en effet qu'elle manque tout en causant le manque dans le sujet.
CHOSE, Désir, Interdit, Mère, LACAN
La Chose, bien qu’elle apparaisse comme l’objet premier et absolu du désir, demeure mythique. Les lois de la parole, dont les Dix Commandements sont une émanation, instaurent une distance rendant sa jouissance impossible, au-delà d’une simple interdiction. En effet, en déduire que le désir lui-même puisse être interdit n'est qu'une interprétation névrotique de la loi, laquelle dicte, au contraire, de désirer. La mère réelle, dans l'histoire et dans la structure psychique du sujet, occupe généralement la place de la Chose, mais elle n'est pas la Chose, dont l'absence se solde par l'émergence du signifiant Phallus, grand ordonnateur du désir. Certes la mère semble bien interdite d'après la loi de la prohibition de l'inceste. Seulement il est vain de fonder le désir sur cette loi interdictrice ; car c'est plutôt le désir qui fait loi, et il ne se fonde que sur le manque fondamental de la Chose, qui divise également le sujet : ceci est la castration, propre au sujet parlant, que l'interdit (et donc le complexe d'Oedipe) cherche précisément à faire oublier. A contrario Oedipe est "celui qui n'a pas de complexe d'Oedipe", celui dont le désir est "de savoir le fin mot sur le désir", dixit Lacan, quitte à en payer le prix.
PHALLUS, Castration, Signifiant, Désir
Le signifiant, par nature, implique son propre effacement : c'est cette fonction que remplit originellement le phallus, en tant que signifiant non verbal, à la fois en se substituant à l'objet et en disparaissant lui-même pour laisser place au langage - et au désir. Le phallus est ce qui dans le langage laisse à désirer, fait désirer ; il porte en lui l'absence de la Chose, l'objet fondamental du désir. Enfin, en tant qu'il se fait représenter par le Nom-du-Père dans le langage, il instaure la loi - identiquement loi du désir et loi de la castration - qui assujettit le parlêtre au signfiant.
CASTRATION, Identification, Phallus, Désir, LACAN
Dans la constitution du sujet du désir, la castration se rapporte directement à l'identification symbolique, qui s'effectue à l'idéal-du-moi en tant que c'est la place du père réel : la castration est d'abord celle de ce père qui donne son nom, et qui se pose comme désirant (qui renonce donc aussi potentiellement à la jouissance). C'est pourquoi l'identification symbolique, qui conditionne le désir, ne peut être que phallique aux yeux de la psychanalyse (pour l'homme comme pour la femme).
CASTRATION, Interdit, Complexe d'Oedipe, Désir, LACAN
Si la loi du désir ne peut être définie par un quelconque objet, c'est qu'elle est constituée par la castration, le manque, la finitude humaine. Mais le névrosé "oedipianisé" ramène cette loi à l'interdit paternel - qui fait accroire à un objet et à une jouissance non pas impossibles mais interdits - parce qu'il est plus facile de subir l'interdit que d'affronter la loi de la castration. L'interdit a pour fonction de refouler aussi bien le désir que la castration, de même que l'interdit intériorisé en Surmoi refoule la vraie loi et se constitue en faute morale d'après Lacan : non pas d'avoir désiré l'objet interdit (puisque la transgression, sur fond de rivalité avec le père, est la seule option laissée par le Surmoi) mais d'avoir "cédé sur son désir".
CASTRATION, Désir, Fantasme, Phallus
"Figure de ce que l’on appelle traditionnellement la finitude de l’homme. Mais c’est une figure doublement particulière : le non-sens y est éprouvé dans le sexuel, et surtout il y est inséparable du sens, qui devient lui-même sexuel. Le désir est pour la théorie de l’inconscient désir sexuel, conduisant à une plénitude qui est jouissance sexuelle ; mais jouissance qui n’est que partiellement jouissance et porte en elle "une souffrance fondamentale". La castration marque le lien du désir et du sexuel, ce qui veut dire aussi, et sur un autre plan, de la jouissance et de la souffrance."
JURANVILLE, LPH, 1984
CASTRATION, Complexe d'Oedipe, Désir, Interdit, LACAN
Le désir primordial de l'homme est marqué par la castration, mais le désir tel qu'il apparait dans le complexe d'Oedipe n'en est que la version névrotique, marquée par l'interdit. Autrement dit, avant d'être refoulé le complexe d'Oedipe est refoulant, il sert à refouler la castration, et donc le désir lui-même. Se voir interdire la mère par le père, comme si c'elle elle l'objet du désir, c'est se masquer l'insoutenable absence de la Chose, l'absence fondamentale de l'objet du désir.
AUTRE, Désir, Amour, Foi
L'amour défini comme vérité du désir, et d'abord du désir de l'Autre absolu, permet au fini de s'établir dans la foi. La foi dissipe la superstition - ainsi que la primordiale haine de Dieu - dès lors que l'Autre absolu est reconnu non seulement comme désirable mais aussi comme désirant : car l'Autre absolu se rapporte, à son tour, au fini comme à son Autre. Accepter le désir, y compris en assumant l'irréductible sexualité, ouvre le fini à la révélation, via l'amour. De son côté ce que l'Autre absolu désire, à travers son amour pour la créature, c'est qu'elle s'établisse dans son autonomie. Poser objectivement l'autonomie est également le but de la philosophie, amour (et désir) de la "sagesse", mais elle n'y parviendra qu'en déclarant sa foi dans la révélation, car sa raison finie ne sera jamais suffisamment universelle.
AMOUR, Vérité, Altérité, Désir
Si, dans son acte, le sacrifice est renonciation, c’est par et dans l’amour qu’il s’accomplit. Il faut proclamer l'amour pour s'assurer que la relation à l'Autre impliquée dans la renonciation ou encore que l’altérité présente dans l’immédiateté, soit le désir, recevra bien vérité aux yeux de tous, puisque désir et en même temps vérité définissent l'amour. Car dans l'amour le désir est non seulement présent mais réellement accompli, dès lors que l'objet aimé désire à son tour, et réaffirme non simplement le désir tourné vers l'objet mais l'amour de l'Autre comme tel présent dans l'objet. Car le propre du vrai amour est de donner à son objet toutes les conditions pour advenir au même désir et au même amour. Paradigmatiquement, c'est l'amour de Dieu pour la créature par l'intermédiaire du Fils engendré, amour dont le Fils témoigne à son tour en donnant sens à la création, ce qu'il accomplit en donnant son propre amour à l'homme, lequel aime Dieu en retour, et décisivement son Prochain...
PHILOSOPHIE, Désir, vérité, Discours
"Ce n’est qu’un discours pour lequel il faut accorder une place au non-sens radical qui pourra être appelé le « discours philosophique »... La pensée de Platon nous semble ainsi illustrer parfaitement le discours philosophique - il y a sans doute une vérité comme le veut le discours métaphysique (comme accomplissement du désir inclus dans le questionnement philosophique), mais il faut aussi penser le questionnement comme mise en doute, comme situation où le désir ne s’éprouve nullement comme comblé, mais au contraire s’affronte à lui-même. Penser donc le pur désir. D’une part la vérité qu’on peut appeler totale de la pensée accomplie, d’autre part la vérité partielle du désir."
JURANVILLE, LPH, 1984
DISCOURS EMPIRISTE, Vérité, Question, Désir
"Si l’on s’attache à la mise en doute, au caractère critique du questionnement philosophique, on rencontre la réponse qu’on peut qualifier en général d’empirisme... Pour lui, il n’y a rien à désirer, pas même le savoir. Non que le désir nous fasse concevoir des perfections illusoires, mais le désir lui-même est une illusion. Le désir valorise ce qu’il désire. Dans ces conditions, poser la question philosophique, c’est finalement se leurrer. Et la philosophie ne peut être « sauvée » que pour autant qu’elle s’attache à défaire l’homme des illusions qu’elle a elle-même produites."
JURANVILLE, LPH, 1984
METAPHORE, Nom-du-Père, Désir, Phallus, LACAN
JURANVILLE, 1984, LPH