En tant qu'il pose explicitement la question de l'être, le discours philosophique s'affronte inévitablement à la question du désir et de la vérité du désir, puisqu'il n'incarne pas la vérité absolue comme le discours métaphysique mais se présente (c'est le cas chez Platon) comme désir de vérité. D'un côté il ne peut que supposer une vérité totale comme objet absolu du questionnement et du désir, un savoir absolu et accompli ; mais d'un autre côté, se pensant précisément comme pur désir et pur questionnement, il ne peut que mettre en doute perpétuellement toute vérité et tout savoir prétendument absolus, de là il lui faut conclure aussi bien à la vérité partielle du désir. Le discours philosophique incarne donc ce paradoxe du désir, affirmant en même temps la vérité totale (objet du désir) et la vérité partielle du désir (fondé en tant que tel sur un manque radical).
"Ce n’est qu’un discours pour lequel il faut accorder une place au non-sens radical qui pourra être appelé le « discours philosophique »... La pensée de Platon nous semble ainsi illustrer parfaitement le discours philosophique - il y a sans doute une vérité comme le veut le discours métaphysique (comme accomplissement du désir inclus dans le questionnement philosophique), mais il faut aussi penser le questionnement comme mise en doute, comme situation où le désir ne s’éprouve nullement comme comblé, mais au contraire s’affronte à lui-même. Penser donc le pur désir. D’une part la vérité qu’on peut appeler totale de la pensée accomplie, d’autre part la vérité partielle du désir."
JURANVILLE, LPH, 1984
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