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CHOIX, Ethique, Temps, Aliénation, KIERKEGAARD

La philosophie de l'existence pose, non seulement le choix comme essentiel, mais l'identité du choix et de l'éthique. Ainsi pour Kierkegaard, « le fait de choisir est une expression vraie et rigoureuse de l’éthique ». La détermination du bien et du mal vient en second, sachant que l'existant choisit d'abord le mal, dans l'espoir justement d'échapper au choix, de renoncer à la contradiction du bien et du mal. Ainsi dans le phénomène de l'aliénation, dégagé par la psychanalyse, un choix est bien présupposé (puisque le sujet s'y constitue comme tel, outre le phénomène de la séparation), liant le sujet à l'Autre, mais de telle sorte qu'il soit empêché d'agir. Du côté de Kierkegaard, c'est la sphère esthétique qui illustre le non-choix, ou plutôt l'indifférence au choix. A contrario, dans le temps réel où s'effectue le choix, en ce point d'éternité, surgit une vérité que le sujet aura la responsabilité de pérenniser, en répétant, en confirmant le choix.


"Un tel choix essentiel est certes inconcevable pour la métaphysique. Comment pourrait-il y avoir place pour un choix essentiel, là où tout ce qui est va naturellement, nécessairement vers son bien, et où le choix ne peut donc porter que sur les moyens ? C’est ce que dit clairement Aristote : « Le souhait porte plutôt sur la fin, et le choix, sur les moyens pour parvenir à la fin. » Le choix est, au contraire, dégagé comme choix essentiel par la pensée de l’existence. Choix de la fin, et non plus des moyens. Car le sujet existant ne va pas naturellement vers le bien, fût-ce d’abord en se trompant dans la détermination de ce bien ; il commence par le rejeter. C’est Kierkegaard qui, le premier, a ainsi présenté le choix – il parle lui-même de « choix absolu ». Un tel choix se caractérise d’abord, pour lui, par la gravité de l’instant où il est effectué. Gravité qui tient à l’épreuve de ce que nous appelons le « temps réel », à l’imprévisible du choix qui sera fait, et aux conséquences du non-choix."
JURANVILLE, 2000, ALTER

CAPITALISME, Aliénation, Capitalisme, Ethique, HEIDEGGER

La révolution véritable ne peut prétendre abolir toute aliénation, en particulier celle propre au capitalisme, mais au contraire - en reconnaissant le caractère inéliminable de cette aliénation - engager le sujet à s'y confronter. C'est ce qu'exprime Heidegger en indiquant que, pour le Dasein, l'éthique consiste à faire "le choix du choix" afin de lutter contre la déchéance et l'inhauthenticité que représente justement l'absence de choix (même si Heidegger se tait sur les conditions sociales et politique d'un tel choix).


"Ce qui fait le fond du monde païen, c’est que l’existant y est empêché, par le sacrifice, de se confronter à l’aliénation inéliminable et d’advenir comme individu. La révolution véritable doit donc introduire un monde où l’existant puisse advenir ainsi. C’est-à-dire un monde qui ouvre l’espace de l’éthique essentielle. C’est d’une telle éthique qu’il s’agit chez Heidegger quand il dit du Dasein que celui-ci, toujours d’abord « déchu » dans le « On » et la « privation de choix » et perdu dans l’inauthenticité ou impropriété (Uneigentlichkeit), doit, pour devenir lui-même et accéder à son authenticité et propriété, effectuer le « choix du choix », s’affronter à cette inauthenticité inéliminable et l’assumer."
JURANVILLE, 2010, ICFH

INDIVIDU, Ethique, Christianisme, Judaïsme, KIERKEGAARD

Le savoir éthique issu du judaïsme laisse bien toute sa place à l'individu, en tant qu'il assume seul devant Dieu le "péché" de l'homme, mais il n'est confirmé que par le christianisme qui insiste sur l'arrachement que l'individu - à commencer par le Christ - doit consentir face à une communauté toujours hostile.

"On peut affirmer légitimement que le savoir éthique est issu du judaïsme en tant qu'il consiste dans l'appropriation, par l'homme, des commandements donnés au Sinaï. Cependant il ne peut apparaître dans sa portée universelle de savoir philosophique qu'avec le christianisme qui le montre comme ce par quoi il faut passer, et même qu'il faut reconstituer, si l'on veut devenir individu. Encore n'apparaît-il ainsi que quand le christianisme est rigoureusement assumé en philosophie par Kierkegaard avec l'affirmation de l'existence. Le judaïsme avait bien, dans le cadre de la communauté juste qu'il introduit, laissé toute la place à l'individu en tant qu'il assume son péché. Ainsi pour Rosenzweig « c'est l'individu comme tel qui se tient, dans sa singularité nue, devant Dieu, il se tient là tout simplement dans le péché de l'homme ». Mais c'est le christianisme surtout qui insiste sur ce terme parce qu'il le montre advenant contre la communauté, toujours d'abord sacrificielle. Rosenzweig parle bien de la « parfaite liberté de chaque individu dans l'Église », il n'évoque pas l'arrachement que l'homme doit accomplir pour devenir individu. Mais c'est Kierkegaard qui affirme clairement que « le Christ fut crucifié parce que, tout en s'adressant à tous, il ne voulut pas avoir affaire avec la foule, mais voulut être ce qu'il était, la vérité qui se rapporte à l'individu », à l'individu que chacun doit devenir."
JURANVILLE, UJC, 2021