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COMMUNAUTE, Sacrifice, Peuple, Etranger

La communauté sacrificielle se caractérise par la violence qu'elle fait subir à certains individus, voire à l'individu comme tel, sur lesquels s'est déportée la haine de l'Autre, de l'altérité comme telle. Ce système sacrificiel se réalise sous trois formes de communautés successives. D'abord le couple des amants : fermée et exclusive par définition, cette communauté est tout entière consacrée à la jouissance sexuelle, plus ou moins élevée à la passion, mais surtout elle exclut l'Autre comme tel (l'Autre absolu d'une part, par crainte de l'interdit, l'autre fini d'autre part, l'enfant qui pourrait y être procréer, par crainte de la finitude qu'il faudrait alors assumer). Ensuite la famille : c'est une communauté où cette fois règne l'interdit et la mesure, l'éducation et la responsabilité, mais une communauté qui peine à s'ouvrir à la fraternité universelle, étant elle aussi tentée d'exclure tout étranger (en répétant d'une certaine façon le mythe inconscient de la "scène primitive", soit le "parfait" rapport sexuel dont l'enfant était le premier exclu), mais tentée aussi, corollairement, d'empêcher chacun de ses membres de devenir "étranger" et pleinement individu, dans la solitude et la séparation. Enfin le peuple : cette communauté devrait poser sa spiritualité propre en assumant son rôle dans l'histoire, elle est pourtant aussi le théâtre par excellence du sacrifice, par la communauté entière, de l'Etranger comme tel (c'est la condamnation du Fils de Dieu envoyé sur Terre pour laver les péchés des hommes, la perpétuation de la haine et le refus de toute rédemption).


"Le système social sacrificiel où le sacrifice est violence subie par une victime sur laquelle s’est déplacée la haine contre l’Autre absolu vrai, contre le vrai Dieu... Communauté où se répète et s’« extrêmise » la haine contre l’enfant (le fils) exclu de la scène primitive et contre l’étranger rejeté par la famille. Communauté qui se fixe par la violence exercée en commun contre l’Autre comme tel, devenu victime du « sacrifice »."
JURANVILLE, 2000, ALTERITE

ALIENATION, Religion, Scène primitive, Séparation, LACAN

On peut qualifier de "religieuse" l'aliénation fondamentale qui constitue l'une des deux opérations par lesquelles le sujet se réalise dans sa relation à l'Autre, la seconde étant la séparation. Si la "réalité psychique" même au sens de Freud est "religieuse", selon Lacan, c'est dans la mesure où elle est suspendue à une première articulation signifiante perçue (faussement) comme totale et complémentaire, celle du couple parental, avec pour signifié un rapport sexuel supposé parfait dont l'enfant ne peut que se sentir exclu (c'est la fameuse "scène primitive"), rejeté au titre de déchet sacrifié. De là le sens en quelque sorte inné, la fascination universelle et pérenne de l'être humain pour le sacrifice en général, en tant que noyau dur de l'aliénation religieuse.

"Lacan , comme les « jeunes hégéliens » en leur temps, dénonce comme religieuse, et précisément sacrificielle, cette aliénation constitutive. L’aliénation serait l’une des deux « opérations de la réalisation du sujet » dans sa « dépendance signifiante du lieu de l’Autre », dans son « rapport à l’Autre ». Elle serait abstraitement aliénation au langage – mais comme langage alors faussé, le « couple primitif de l’articulation signifiante » n’étant pas reconnu dans la finitude radicale qu’il signifie, mais cru illusoirement sans manque... Et en même temps Lacan dirige vers l’autre « opération de la réalisation du sujet », laquelle serait, non plus aliénation, mais séparation, se-parare mais aussi, pour Lacan, se parere, engendrement de soi-même, autonomie. Mais le discours psychanalytique ne peut poser expressément cette autonomie réelle, ni la religion vraie qu’elle suppose, ni le monde juste dans lequel elle se déploie."
JURANVILLE, EVENEMENT, 2007