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AMOUR, Transfert, Séduction, Chose, LACAN

Lacan a pu affirmer que du transfert l’amour était « la face de résistance ». Pour autant il ne faudrait pas confondre l'amour de transfert, bien présent dans l'analyse, avec l'amour qui fait acte, l'amour qui permet d'accéder à la sublimation dans le cadre de la cure. Certes la cure ne va pas sans le transfert, qui ne va pas sans l'amour ; mais cet amour qui se mêle à la haine et qui fonctionne à la séduction doit être dépassé. De quelle haine s'agit-il ? Celle qu'entraîne inévitablement l'identification de l'analyste, par l'analysant, à son propre symptôme - mécanisme propre de la névrose. L'analyste placé dans la position du père réel (en tant qu'imaginarisé, donc finalement du père imaginaire), dans le cadre du transfert, est ainsi aimé comme son propre symptôme et fatalement haï pour la même raison. De quelle séduction maintenant s'agit-il ? L'analyste, depuis la place de la Chose qu'il occupe, ouvre structurellement à l'analysant l'occasion de s'identifier au père symbolique ; il le fait en lui communiquant son amour, celui qu'il puise dans le savoir qu'il incarne en tant que la Chose. Mais en tant que névrosé, le sujet analysant refuse cette identification (qui le confronterait à la castration), comme il refuse cet amour de l'analyste auquel il réplique et résiste par l'amour de transfert (amour-séduction), comme il refuse ce savoir de la Chose en faisant de l'analyste un sujet, un "sujet supposé savoir".


"Pour permettre de passer outre au transfert et rendre possible la sublimation, l’analyste doit effectuer sans cesse son propre travail de deuil, ouvrir par son interprétation équivoque et énigmatique un espace pour la parole de l’analysant. Répondre aux séductions du transfert par le refus de se prendre pour le maître, et à la haine par un amour, un autre amour que celui de la névrose. Cet autre amour est de structure, mais il prolonge l’amour névrotique. C’est lui qui fait acte."
JURANVILLE, 1984, LPH  

DISCOURS DE L'HYSTERIQUE, Science, Savoir, Transfert, LACAN

Le discours dit "de hystérique" par Lacan est tenu par le sujet barré, désirant, mais il est causé par l'objet "a" placé en dessous, refoulé, en position de vérité. Il s'adresse au maître et à son supposé savoir, afin qu'il le mette à l'épreuve et l'augmente toujours plus. Ce (désir de) savoir qui laisse son sujet derrière lui, qui forclos le Nom-du-Père, qui se poursuit indéfiniment sans rien produire de significatif, est typiquement celui de la science (« Si paradoxale qu’en soit l’assertion, dit Lacan, la science prend son élan du discours de l’hystérique ») ; mais c'est aussi celui que cherche à produite le transfert comme résistance à l'analyse, puisque que pour l'analysant, le lieu véritable de ce savoir, ou la vérité de ce savoir, n'est rien d'autre que son symptôme (précisément ignoré par la science).

"Pour Lacan, c’est le désir de savoir qui institue le discours de l’hystérique, mais c’est jouer le jeu de l’hystérique d’entrer dans le mythe d’un désir de savoir (et Lacan a bien montré que le complexe d’Œdipe, et au-delà tout le mythe d’Œdipe qui désire savoir, est une production hystérique). Dans Encore, il précise qu’« il n’y a pas de désir de savoir, ce fameux Wissentrieb que quelque part pointe Freud ». Conséquence nécessaire de l’idée de l’inconscient : le savoir est là, suffisant, et ce n’est pas parce que quelque chose « échappe » au savoir, le savoir lui-même, que le savoir manque de rien – ce qui compte, c’est la manière dont l’homme se rapporte à son savoir ; le poser dans l’écriture comme écriture parlante est la sublimation même. Le discours universitaire ne fait pas accéder l’autre au savoir écrit, à la lettre dont il est le gardien, mais c’est un vrai savoir ; le discours de l’hystérique fait advenir en tout autre le savoir comme savoir écrit, en ce sens le savoir se communique, on n’a pas à passer par de « dures expériences » dans la solitude pour le produire, mais il est tronçon de savoir, savoir essentiellement inaccompli."
JURANVILLE, LPH, 1984