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CHOSE, Désir, Sujet, Castration, LACAN

La Chose est l'Autre originaire du désir, l'Autre réel. Elle incarne à la fois la plénitude absolue (celle que suppose le désir) et l'impossibilité d'une telle plénitude, du fait même qu'elle se signifie comme désirante - s'infligeant par-là même la castration et l'infligeant au sujet.


"Chaque fois qu’une chose est rencontrée comme telle, le temps du monde s’abolit, avant d’être réinstitué. Et chaque chose est la Chose. C’est-à-dire l’Autre originaire du désir, l’Autre réel... Elle n’est autre que le réel de l’autre sujet, rencontré quand le désir de l’un se heurte au désir de l’autre. Lacan dit de la Chose qu’elle est « le vrai, sinon le bon sujet, le sujet du désir ». Soit encore le corps traversé par la castration."
JURANVILLE, 1984, LPH

CERTITUDE, Parole, Reconnaissance, Castration, DESCARTES

Toute parole s'adresse à un autre, présent ou absent (s'il s'agit de l'Autre absolu), dont il semble que le sujet escompte la reconnaissance ; car toute parole implique la castration, et le désir, par laquelle le sujet se fait phallus, et objet de désir, pour l'Autre. C'est à ce niveau de reconnaissance que la certitude se constitue dans l'acte de parole, illustré par le cogito de Descartes. Quelque soit l'énoncé produit, l'énonciation résiste au doute, puisqu'elle présuppose d'emblée l'être ("je pense", donc "je suis, j'existe"). Triple certitude cartésienne : de la pensée, du sujet qui pense, de l'être du sujet comme pensant, reprise par Lacan en ces termes : d'abord l'articulation signifiante (ou énonciation, au niveau inconscient), puis le passage au signifié (de fait, à l'être), enfin la certitude du sujet assumant sa parole (autrement dit sa castration). Mais il convient de préciser que la certitude, celle de l'être du sujet, si elle implique bien la reconnaissance, celle de l'Autre absolu, n'en est pas la conséquence directe : elle consiste plutôt à se découvrir, dans le monde, dans son être, toujours déjà reconnu en tant que phallus pour l'Autre, donc une nouvelle fois à assumer la castration.


"Pour Lacan, il y a l’acte de la parole, ou plus précisément ce qui le fait acte, soit la présence de l’articulation du signifiant. Il y a donc l’énonciation. C’est ce qui fait l’acte de la pensée (et la situe d’emblée dans l’inconscient). Il y a ensuite le passage au signifié, là où de fait on peut parler de l’être. Et c’est à ce moment que devient possible une certitude, qui se constituera proprement et s’affirmera enfin dans l’acte effectif de la parole du sujet. Parce que parler, c’est assumer le signifié, et donc le phénomène de la castration. Mais cette constitution de la certitude ne tient pas à l’émergence d’une reconnaissance : on est à l’avance reconnu, on a déjà sa place dans le monde – comme castré cependant, c’est-à-dire comme le phallus, comme l’indication de ce phallus « perdu », l’index du phallus. Assumer la castration, c’est accepter cette reconnaissance, se la garantir. La reconnaissance demeure donc bien d’abord celle par l’Autre absolu, mais elle se confirme et s’affirme dans et par l’acte de la parole adressé à l’Autre présent. La certitude est toujours celle d’un Je suis (qui comme pour Descartes, renvoie là aussi à un réel, au sens précis de ce terme pour Lacan)."
JURANVILLE, 1984, LPH

CASTRATION, Sexualité, Pulsion, Chose, LACAN

Initiée par le signifiant Phallus, qui lui-même renvoie au vide réel de la Chose, la castration interrompt le principe de plaisir et le cycle pulsionnel. Certes l'objet de la pulsion est dit "perdu", mais tout autant et indéfiniment "retrouvé", donc la perte ici n'est pas réelle (à la différence de la Chose) mais un simple effet du processus pulsionnel, imaginaire. Cependant, si elle s'oppose ai sexuel de la pulsion, la castration ne se situe pas totalement hors du champ sexuel puisqu'elle conditionne - via le Phallus - aussi bien le désir que la jouissance.


"Parlant du champ du principe de plaisir, Lacan dit de l’objet qui y est retrouvé qu’il est de sa nature un objet retrouvé, et que si on peut le dire perdu, ce n’en est qu’une conséquence après coup. C’est, malgré qu’en ait Lacan, le domaine de la pulsion partielle (dont la pulsion de mort fait bien le fond, mais dissimulé). Et pour autant que la pulsion est le lieu primordial du sexuel, la castration, qui lui retire son objet, conduit à une certaine « désexualisation »... Mais le positif auquel elle amène est lui-même sexuel. C’est en tant que phallus que le sujet désire et jouit."
JURANVILLE, LPH, 1984

CASTRATION, Père, Interdit, Imaginaire, LACAN

Le désir interdit, névrotique et culpabilisant, s'appuie sur le mythe entretenu du meurtre du père. Il s'agit là du père imaginaire. Mais l'agent de la castration est le père réel, "celui qui besogne la mère" dit Lacan, ou qui par sa présence est en mesure de le faire, bref c'est le père désirant lui-même castré. La rivalité n'est qu'imaginaire (et pour cause, l'enfant, lui, n'étant en mesure de rien du tout) et justement névrotique, elle entretient en miroir avec l'enfant l'image d'un père faible, un père qui a failli, finalement d'un père vengeur qui prendra la figure du Surmoi.


"Le désir interdit est un désir qui en reste au fantasme : c’est le symptôme. Refouler, c’est aimer l’interdit qu’on subit, c’est s’aimer dans cet interdit. S’aimer et se haïr, comme aimer et haïr l’autre. Le mythe du meurtre du père est ce qui permet d’entretenir l’illusion de la possibilité de la jouissance absolue. Et la culpabilité liée au désir de mort éternise (c’est-à-dire imaginarise) le père. Mais justement, il est essentiel pour Lacan de ne pas confondre le père réel, et le père imaginaire. Le père castrateur, c’est le père réel, dit Lacan. Pourquoi ? Si le père réel est castrateur, c’est pour autant qu’il « besogne » celle vis-à-vis de qui l’enfant est en rivalité avec lui, la mère. Ce qui compte, ce n’est pas l’aspect de rivalité, qui renvoie à l’imaginaire, mais le caractère effectif du désir du père. Désirant, il se pose comme castré. Et c’est la castration du père qui est castratrice pour l’enfant."
JURANVILLE, LPH, 1984

PHALLUS, Castration, Signifiant, Désir

Le signifiant, par nature, implique son propre effacement : c'est cette fonction que remplit originellement le phallus, en tant que signifiant non verbal, à la fois en se substituant à l'objet et en disparaissant lui-même pour laisser place au langage - et au désir. Le phallus est ce qui dans le langage laisse à désirer, fait désirer ; il porte en lui l'absence de la Chose, l'objet fondamental du désir. Enfin, en tant qu'il se fait représenter par le Nom-du-Père dans le langage, il instaure la loi - identiquement loi du désir et loi de la castration - qui assujettit le parlêtre au signfiant.


"Par la castration, le phallus advient comme signifiant. Mais que veut dire que le phallus soit signifiant ? L’analyse doit partir du signifiant originaire, qui est le signifiant verbal. C’est uniquement parce que le langage ne tient pas ce qu’il promet, et fait réellement désirer (la vérité totale), que s’impose l’existence d’un signifiant non verbal, et que le phallus apparaît comme ce signifiant... Le désir qu’il maintient et commande, n’est pas désir pour lui, mais toujours désir pour la Chose. La castration simplement « fixe » (elle est loi) la coupure où réside le sujet comme sujet du signifiant."
JURANVILLE, LPH, 1984

CASTRATION, Identification, Phallus, Désir, LACAN

Dans la constitution du sujet du désir, la castration se rapporte directement à l'identification symbolique, qui s'effectue à l'idéal-du-moi en tant que c'est la place du père réel : la castration est d'abord celle de ce père qui donne son nom, et qui se pose comme désirant (qui renonce donc aussi potentiellement à la jouissance). C'est pourquoi l'identification symbolique, qui conditionne le désir, ne peut être que phallique aux yeux de la psychanalyse (pour l'homme comme pour la femme).


"Cette identification symbolique se fait par le nom, mais aussi par ce que Lacan appelle le trait unaire. Elle vaut pour l’un et l’autre sexe. Comme sujet désirant en effet, la femme ne se distingue pas de l’homme. Disons même qu’elle est « phallique ». Le « phallocentrisme » de la théorie de l’inconscient est absolu pour ce qui est de la constitution du sujet du désir. Lacan écrit ainsi : "Le phallocentrisme produit par cette dialectique est tout ce que nous avons à retenir ici… Cette fonction imaginaire du phallus, Freud l’a donc dévoilée comme pivot du procès symbolique qui parachève dans les deux sexes la mise en question du sexe par le complexe de castration" ."
JURANVILLE, LPH, 1984

CASTRATION, Jouissance, Phallus, Signifiant, LACAN

Par rapport à la jouissance, comme "au-delà du principe de plaisir", la castration en marque à la fois la possibilité (avec le désir) et l'impossibilité en tant que totale. Et c'est aussi la castration qui fait du Phallus le signifiant - comme signifiant et donc négation de la chose - le signifiant de cette impossible jouissance absolue.


"Jouissance absolue, non pas interdite, comme le prétend Lacan entraîné par le « point de vue névrotique », mais impossible. Si la castration est négation (Aufhebung) de l’objet, et donc négation du négatif, elle ne conduit pourtant pas à une positivité absolue, mais au contraire à une positivité inséparable d’une négativité radicale."
JURANVILLE, LPH, 1984

CASTRATION, Interdit, Complexe d'Oedipe, Désir, LACAN

Si la loi du désir ne peut être définie par un quelconque objet, c'est qu'elle est constituée par la castration, le manque, la finitude humaine. Mais le névrosé "oedipianisé" ramène cette loi à l'interdit paternel - qui fait accroire à un objet et à une jouissance non pas impossibles mais interdits - parce qu'il est plus facile de subir l'interdit que d'affronter la loi de la castration. L'interdit a pour fonction de refouler aussi bien le désir que la castration, de même que l'interdit intériorisé en Surmoi refoule la vraie loi et se constitue en faute morale d'après Lacan : non pas d'avoir désiré l'objet interdit (puisque la transgression, sur fond de rivalité avec le père, est la seule option laissée par le Surmoi) mais d'avoir "cédé sur son désir".


"L’analyse de l’interdit fait apparaître peu à peu tous les éléments de la structure décrite par la théorie psychanalytique sous le nom de Complexe d’Œdipe. Car si l’interdit est une forme de la loi et que la loi ne puisse être référée qu’au père, l’interdit doit venir du père. Et que peut interdire le père, sinon le désir pour cet objet même qu’il est censé désirer, et exclusivement, soit la mère ? Tout interdit renvoie à l’interdit de l’inceste. Quel rapport déterminer alors entre la loi de la castration et le complexe d’Œdipe ? La thèse de Lacan est la suivante : l’interdit (et le désir interdit, qui en est inséparable) refoule la loi de la castration. En rester au conflit avec le père interdicteur est plus facile que de se retrouver seul devant la mort présentée dans la castration."
JURANVILLE, LPH, 1984

CASTRATION, Désir, Fantasme, Phallus

Le fantasme supporte sans doute le désir, en posant l'objet comme face réelle du signifiant phallique, mais il nourrit surtout la pulsion ; c'est la castration, en érigeant cette fois le phallus au rang de signifiant, qui constitue le désir comme tel, et comme sexuel. La castration n'est pas seulement la détumescence d’après l’orgasme, soit négativement l'aphanisis du désir, elle représente aussi paradoxalement, positivement, le passage au désir et sa pérennité. Elle est la vérité partielle qui échoie à l'homme.


"Figure de ce que l’on appelle traditionnellement la finitude de l’homme. Mais c’est une figure doublement particulière : le non-sens y est éprouvé dans le sexuel, et surtout il y est inséparable du sens, qui devient lui-même sexuel. Le désir est pour la théorie de l’inconscient désir sexuel, conduisant à une plénitude qui est jouissance sexuelle ; mais jouissance qui n’est que partiellement jouissance et porte en elle "une souffrance fondamentale". La castration marque le lien du désir et du sexuel, ce qui veut dire aussi, et sur un autre plan, de la jouissance et de la souffrance."
JURANVILLE, LPH, 1984

CASTRATION, Complexe d'Oedipe, Désir, Interdit, LACAN

Le désir primordial de l'homme est marqué par la castration, mais le désir tel qu'il apparait dans le complexe d'Oedipe n'en est que la version névrotique, marquée par l'interdit. Autrement dit, avant d'être refoulé le complexe d'Oedipe est refoulant, il sert à refouler la castration, et donc le désir lui-même. Se voir interdire la mère par le père, comme si c'elle elle l'objet du désir, c'est se masquer l'insoutenable absence de la Chose, l'absence fondamentale de l'objet du désir.


"Le complexe d’Œdipe est un mythe. Pour Lacan, le complexe d’Œdipe, c’est le « rêve de Freud ». Et en tant que tel, il doit être interprété... L’Œdipe sert au refoulement de la castration. Avant d’être refoulé, il est refoulant. Et non pas simplement l’interdit paternel, mais le désir œdipien lui-même est refoulant. Désirer selon l’Œdipe, c’est refouler le désir fondamental. Devant le terrible de l’absence de la Chose, et de la pulsion de mort, l’Œdipe établit le voile du conflit avec le père. La loi comme interdictrice, comme négative, dissimule la négativité radicale de ce qui est."
JURANVILLE, LPH, 1984

ANALYSTE, Chose, Objet a, Castration

Si la cure analytique commence sur le plan de la demande (demande consciente de guérison, demande inconsciente de non guérison !), elle doit permettre le dévoilement du désir présent dans cette demande même, ce qui impose au sujet de faire l'épreuve de la castration.. L’analyste, initialement idéalisé comme « sujet supposé savoir », identifié au père imaginaire par le névrosé, est amené à déchoir de cette position pour devenir l’objet a, support du désir du sujet, tout en incarnant la Chose. Car c'est seulement en tant que Chose, dépositaire d'un savoir inconscient, que l'analyste sollicite l’émergence du signifiant du désir chez l’analysant. Lequel, hors refoulement, fait alors l'expérience de la traversée du fantasme, bien que le fantasme ne soit qu’un soutien du désir et non ce qui le maintient. C'est ici que le sujet fait l'épreuve de la castration (ou pas, s'il s'en tient à l'amour de transfert), laquelle se manifeste par la non-disponibilité de l’analyste aux pulsions de l’analysant, réaffirmant sa position de Chose et non simplement d'objet a. C'est ici également que s'impose une nouvelle identification imaginaire, celle de la sublimation se substituant à la névrose.


" C’est parce qu’il était dans la position de la Chose que l’analyste a pu susciter la production par le sujet du signifiant de son désir. Mais cela suppose le heurt avec la castration que le sujet va pouvoir tenter de fuir. Justement en réduisant l’analyste à l’état d’objet a. Le désir s’efface alors au profit de la pulsion. La pulsion se manifeste comme ce cœur du transfert, inséparable du désir humain, qu’est la sexualité. Si le transfert est « mise en acte de la réalité de l’inconscient », Lacan précise que cette réalité est « sexuelle ». Mais la castration se marque de ce que l’analyste n’est pas à la disposition pulsionnelle de l’analysant. Il n’y a pas d’issue perverse. Et l’analyste apparaît de nouveau comme la Chose, sollicitant encore l’émergence du signifiant. Telle est l’épreuve de la castration dans l’analyse : elle se présente comme celle de la coupure radicale qui sépare l’objet de la Chose, dont il est pourtant aussi la seule présence. Mais cette épreuve n’est supportable qu’à partir d’une autre identification imaginaire. La supporter, c’est alors entrer dans la sublimation."
JURANVILLE, 1984, LPH