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MORT, Jugement dernier, Pulsion de mort, Résurrection, SAINT AUGUSTIN

Dans La Cité de Dieu, Saint Augustin aborde le Jugement dernier où chacun sera jugé sur ses œuvres. Le Christ revenu séparera alors les justes des méchants, établissant les premiers dans la résurrection de l'esprit et de la chair, dans la béatitude éternelle. Les méchants, quant à eux, seront condamnés à ce qu'Augustin appelle (après l'apôtre Jean) la "seconde mort", infiniment pire que la première : « là, les hommes ne seront plus avant la mort ni après la mort, mais toujours dans la mort, et ainsi jamais vivants, jamais morts, mais mourants sans fin » et « il n'y aura pour l'homme rien de pis que lorsque la mort elle-même sera sans mort ». Ce châtiment éternel où l'âme et le corps seront éternellement unis dans la souffrance correspond à ce que la psychanalyse appelle la "pulsion de mort", tourment ordinaire de celui qui s'éloigne de la pulsion de vie, qui refuse "l'ouverture existante et aimante à l'Autre" (Juranville).


"Seconde mort qui est pour nous enfermement dans cette pulsion de mort qui fait l'enfer quotidien de l'homme pécheur, mais qui peut toujours être reprise (et alors on y échappe) dans la pulsion de vie et l'ouverture existante et aimante à l'Autre."
JURANVILLE, 2015, LCEDL

CHRIST, Incarnation, Passion, Résurrection

Incarnation, Passion et Résurrection sont trois noms pour désigner cet événement majeur, et même fondateur de l'histoire, qu'est le sacrifice du Christ. Ce sont les trois étapes nécessaires de l'intervention divine par laquelle se prépare, s'effectue, et s'accomplit la mise en question du système sacrificiel pervers des humains. L'Incarnation démontre que la chair n'est pas fondamentalement mauvaise, malgré la finitude et donc aussi malgré l'existence du péché charnel (concupiscence), qu'il existe une chair et une sensibilité bonnes, compatissantes et aimantes (la chair du Christ, idéalement). La Passion dénonce l'injustice de ce système sacrificiel, et la haine que le sujet social éprouve inévitablement contre Dieu, le Prochain, l'Autre en général. Cette injustice, le dieu fait homme la subit et l'assume librement (dans la souffrance et jusqu'à la mort, non dans la jouissance bien sûr - qui serait celle du fanatique), par son sacrifice. La Résurrection prouve que la vie triomphe finalement de la pulsion de mort, non seulement pour le Christ mais également pour tout homme qui aura - notamment par ses oeuvres - réussi à dépasser la haine sacrificielle et la finitude en général pour les réduire à leurs formes minimales, socialement acceptables dès lors que les sujets ne sont plus empêchés d'entrer dans leur individualité et d'y gagner leur autonomie.


"La mise en question par Dieu du système sacrificiel s’accomplit dans la Résurrection de l'homme Jésus dans lequel Dieu comme Fils s’est incarné. Résurrection qui est triomphe sur la pulsion de mort. Cette résurrection annonce celle de tous les hommes dans la mesure où, dépassant leur haine sacrificielle à eux, la réduisant à ses formes minimales dans le cadre de la relation à l’Autre, de l’amour pour l’Autre, ils entrent dans leur individualité et traversent pour elle leur passion propre - car l’entraînement sacrificiel est toujours là dans le monde social et il se manifeste toujours contre l’individu, fût-ce sous une forme limitée. À partir de quoi ils pourront un jour instituer un monde où l’individu ait sa place. C’est cela, Incarnation, Passion, Résurrection, qu’on appelle ici le sacrifice du Christ. Et dont on a essayé d’établir qu’il est bien, pour l’homme, l’événement par excellence de l’histoire."
JURANVILLE, 2017, HUCM

CHRIST, Médiateur, Messie, Sacrifice, SAINT AUGUSTIN

Pour faire cesser toute complaisance dans l'injustice, et ainsi assumer la finitude, il est nécessaire comme l'énonce Saint Augustin d'en appeler à l'intervention d'un médiateur - entre le masculin et le féminin (et leur illusoire complémentarité), entre la vie et la mort, entre l'humain et le divin. Cette figure quasi-universelle que l'ethnologie a désigné sous le nom de trickster (le tricheur, celui qui ne joue pas le jeu), il convient de l'élever à sa fonction de Messie, soit un homme qui, au-delà de son rôle local de "fusible", de régulateur d'une forme sociale déterminée, remplisse la mission de mettre en cause pour tous les hommes le système social sacrificiel. Le seul médiateur vrai agissant pour la créature humaine au nom de l'Absolu créateur ne saurait être que le Christ, lui qui d'abord en tant Fils de Dieu s'est incarné en la personne de Jésus, prouvant ainsi que péché n'est pas constitutif de la chair (voulue par Dieu) mais de la (mauvaise) volonté humaine ; lui ensuite qui s'est sacrifié, qui a souffert la Passion jusqu'à son terme pour dénoncer justement le système du sacrifice, prouvant ainsi son amour pour les hommes ; lui enfin qui a ressuscité, prouvant ainsi la véracité de la parole divine et l'existence effective d'une justice, applicable à tous les hommes.


"Celui qui, pour le sujet social, pour le peuple, peut effectuer la mise en question du système sacrificiel est donc bien le médiateur. Mais pour autant seulement que, au lieu d’être considéré comme devant être aboli sacrificiellement au nom de l’Autre absolu faux ou idole, il apparaît comme l’envoyé de l’Autre absolu vrai, l’« oint » du Seigneur, le messie – envoyé pour dénoncer ledit système et témoigner que le vrai Dieu ne veut pas de tels sacrifices et se tourne de lui-même, par amour, vers les hommes. Celui qui, pour saint Augustin, est le Fils incarné – car « si, comme c’est beaucoup plus probable, tous les hommes sont nécessairement malheureux aussi longtemps qu’ils sont sujets à mourir, il faut chercher un médiateur qui non seulement soit homme, mais aussi soit Dieu » ".
JURANVILLE, 2010, ICFH