Affichage des articles dont le libellé est Discours de l'hystérique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Discours de l'hystérique. Afficher tous les articles

DISCOURS DU PEUPLE, Discours de l'hystérique, Maîtrise, Tradition, LACAN

Dans le discours dit "hystérique" par Lacan, l'élément dominant n'est plus la loi, comme dans le discours du maitre, mais le symptôme. C'est à partir de lui qui le sujet s'adresse au maître, en apparence pour le contester, mais en réalité pour le conforter puisqu'il se montre incapable de poser le moindre principe premier ou signifiant maître. C'est aussi bien le discours empiriste, ou scientifique, qui ne voit partout que des relations et des structures ouvertes, sans vérité ni fondement. Au-delà de cette limitation, Lacan gratifia Hegel d'être "le plus sublime des hystériques" puisqu'il a entrepris, finalement, de démontrer le bien-fondé de la maîtrise, au terme d'une démarche certes questionnante mais parfaitement circulaire. Au plan historique ce discours mérite d'être désigné comme "discours du peuple", tant il caractérise précisément les sociétés sans maîtres véritables, sociétés païennes et sacrificielle ne respectant que la loi immanente du totem-animal.

"Face au discours du maître, l’existant, tout fini qu’il est, en vient à tenir un autre discours. Discours dont la dominante n’est plus, selon Lacan, la loi, comme pour le discours du maître, mais le symptôme. Discours de protestation, qui dit que « rien ne va plus », que « les choses ne tournent plus rond ». Celui d’Hamlet déplorant que « le temps [soit] hors de ses gonds » et maudissant son sort d’être « né pour le mettre droit. » Par cet autre discours, il semble que l’existant s’arrache à sa soumission fascinatoire ; par ce discours, en fait il s’y enfonce... L’existant, par ce discours, reproche vainement au maître de ne pas avouer sa captation à lui aussi dans les intérêts et les plaisirs. Il reste soumis à son pouvoir. C’est la position fondamentale du peuple et ce à quoi il revient toujours, quelles que soient les poussées révolutionnaires qui le soulèvent provisoirement. Peuple qui rassemble tous les existants en tant qu’ils ne se sont pas encore engagés dans l’affrontement à la finitude et dans la voie de l’individualité véritable... Par rapport à l’histoire universelle, il est celui qui organise le monde traditionnel sacrificiel. Lacan avait dit que « les sociétés appelées primitives ne [sont] pas dominées par le discours du maître »".
JURANVILLE, 2024, PL

DISCOURS DE L'HYSTERIQUE, Science, Savoir, Transfert, LACAN

Le discours dit "de hystérique" par Lacan est tenu par le sujet barré, désirant, mais il est causé par l'objet "a" placé en dessous, refoulé, en position de vérité. Il s'adresse au maître et à son supposé savoir, afin qu'il le mette à l'épreuve et l'augmente toujours plus. Ce (désir de) savoir qui laisse son sujet derrière lui, qui forclos le Nom-du-Père, qui se poursuit indéfiniment sans rien produire de significatif, est typiquement celui de la science (« Si paradoxale qu’en soit l’assertion, dit Lacan, la science prend son élan du discours de l’hystérique ») ; mais c'est aussi celui que cherche à produite le transfert comme résistance à l'analyse, puisque que pour l'analysant, le lieu véritable de ce savoir, ou la vérité de ce savoir, n'est rien d'autre que son symptôme (précisément ignoré par la science).

"Pour Lacan, c’est le désir de savoir qui institue le discours de l’hystérique, mais c’est jouer le jeu de l’hystérique d’entrer dans le mythe d’un désir de savoir (et Lacan a bien montré que le complexe d’Œdipe, et au-delà tout le mythe d’Œdipe qui désire savoir, est une production hystérique). Dans Encore, il précise qu’« il n’y a pas de désir de savoir, ce fameux Wissentrieb que quelque part pointe Freud ». Conséquence nécessaire de l’idée de l’inconscient : le savoir est là, suffisant, et ce n’est pas parce que quelque chose « échappe » au savoir, le savoir lui-même, que le savoir manque de rien – ce qui compte, c’est la manière dont l’homme se rapporte à son savoir ; le poser dans l’écriture comme écriture parlante est la sublimation même. Le discours universitaire ne fait pas accéder l’autre au savoir écrit, à la lettre dont il est le gardien, mais c’est un vrai savoir ; le discours de l’hystérique fait advenir en tout autre le savoir comme savoir écrit, en ce sens le savoir se communique, on n’a pas à passer par de « dures expériences » dans la solitude pour le produire, mais il est tronçon de savoir, savoir essentiellement inaccompli."
JURANVILLE, LPH, 1984