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CHOSE, Psychose, Sublimation, Jouissance

La sublimation totale implique un devenir-chose, une identification à la chose de la part du sujet, qui correspond structurellement à la psychose - soit un rapport à l'existence comme autonomie et jouissance. Mais il s'agit ici de la "bonne" psychose, faisant advenir la jouissance vraie, jouissance au savoir en lien avec la sublimation.


"C’est en posant la chose et, de ce fait, en advenant soi-même comme chose, qu’on s’établit dans la jouissance vraie, spirituelle, par quoi, d’après ce que nous avons dit, l’inconscient se donne. Or poser la chose et advenir, par là comme chose, c’est s’identifier à la chose. Ce qui caractérise la psychose."
JURANVILLE, 2000, INCONSCIENT

ANALYSTE, Chose, Objet a, Castration

Si la cure analytique commence sur le plan de la demande (demande consciente de guérison, demande inconsciente de non guérison !), elle doit permettre le dévoilement du désir présent dans cette demande même, ce qui impose au sujet de faire l'épreuve de la castration.. L’analyste, initialement idéalisé comme « sujet supposé savoir », identifié au père imaginaire par le névrosé, est amené à déchoir de cette position pour devenir l’objet a, support du désir du sujet, tout en incarnant la Chose. Car c'est seulement en tant que Chose, dépositaire d'un savoir inconscient, que l'analyste sollicite l’émergence du signifiant du désir chez l’analysant. Lequel, hors refoulement, fait alors l'expérience de la traversée du fantasme, bien que le fantasme ne soit qu’un soutien du désir et non ce qui le maintient. C'est ici que le sujet fait l'épreuve de la castration (ou pas, s'il s'en tient à l'amour de transfert), laquelle se manifeste par la non-disponibilité de l’analyste aux pulsions de l’analysant, réaffirmant sa position de Chose et non simplement d'objet a. C'est ici également que s'impose une nouvelle identification imaginaire, celle de la sublimation se substituant à la névrose.


" C’est parce qu’il était dans la position de la Chose que l’analyste a pu susciter la production par le sujet du signifiant de son désir. Mais cela suppose le heurt avec la castration que le sujet va pouvoir tenter de fuir. Justement en réduisant l’analyste à l’état d’objet a. Le désir s’efface alors au profit de la pulsion. La pulsion se manifeste comme ce cœur du transfert, inséparable du désir humain, qu’est la sexualité. Si le transfert est « mise en acte de la réalité de l’inconscient », Lacan précise que cette réalité est « sexuelle ». Mais la castration se marque de ce que l’analyste n’est pas à la disposition pulsionnelle de l’analysant. Il n’y a pas d’issue perverse. Et l’analyste apparaît de nouveau comme la Chose, sollicitant encore l’émergence du signifiant. Telle est l’épreuve de la castration dans l’analyse : elle se présente comme celle de la coupure radicale qui sépare l’objet de la Chose, dont il est pourtant aussi la seule présence. Mais cette épreuve n’est supportable qu’à partir d’une autre identification imaginaire. La supporter, c’est alors entrer dans la sublimation."
JURANVILLE, 1984, LPH

AMOUR, Analyse, Savoir, Sublimation, LACAN

Ce n'est pas pour rien que Lacan dit, à propos du savoir analytique, qu’il est la « lettre d’amour ». Si l'amour, donc ici le savoir analytique, est « ce qui supplée au rapport sexuel », il est proprement ce qui permet la sublimation dans le cadre l'expérience analytique. Cela ne se comprend que si cette expérience établit un rapport entre la Chose réelle (dont tient lieu l'analyste) et l'Autre symbolique (au lieu duquel est placé l'analysant). Car initialement c'est la Chose maternelle, chose parlante et signifiante quoique réelle, qui appelle le sujet à la place du père symbolique. Elle aime le sujet en le posant comme signifiant, comme Autre ; elle lui adresse cette "lettre d'amour" - ce que fait aussi l'analyste - pour qu'il énonce à son tour, à la place de l'Autre symbolique, ledit signifiant paternel. C'est bien ce qui fait de l'analyse une authentique sublimation, par un authentique acte d'amour, duquel résulte un authentique savoir dont bénéficie le sujet.


"Le savoir psychanalytique n’est pas simplement un savoir théorique. Et il n’est pas non plus un outil pour l’analyste. Il instaure la situation analytique, où la sublimation devient possible. En tant qu’écriture parlante, il fait du psychanalyste la Chose maternelle, qui appelle le sujet à la place du père symbolique. Et fait advenir en lui le signifiant. Ce qui n’est autre que l’aimer... C’est donc l’amour qui, dans la situation analytique, rend possible le passage à la sublimation. Il est alors acte. Le savoir de l’analyste est ainsi ce qui rend possible l’accession du sujet à la sublimation. Et il est également le savoir à quoi parvient le sujet dans la sublimation."
JURANVILLE, 1984, LPH 

ACTE, Signifiant, Sujet, Sublimation, LACAN

L'acte est toujours un signifiant qui, produit à partir d'un autre signifiant, vient introduire une rupture, un changement structurel dans le sujet : en réalité l'acte instaure un sujet différent, différemment représenté par un signifiant pour les autres signifiants (selon la célèbre définition du signifiant par Lacan). L'acte ne vaut que d'être confirmé (il peut aussi échouer), ce qui implique que le signifiant en question puisse se répéter. Or la répétition de l'acte - quand elle n'est pas "passage à l'acte" régressif, mais parole ou écriture - vaut comme une structure à part entière, et même structure créatrice : c'est la voie de la sublimation.

"Le difficile de l’acte (c’est patent pour le crime), c’est qu’il faut être à la hauteur de l’acte qu’on a accompli, montrer qu’on le referait si la situation était la même, qu’on ne cesse de le revouloir, d’en vouloir, comme le dit Nietzsche, le retour éternel : c’est en ce sens qu’il est « un signifiant qui se répète ». L’acte est l’entrée effective dans une autre structure, la sublimation même. Non pas simplement instauration du sujet, mais surgissement du sujet comme différent... Et c’est comme acte d’écriture ou de parole que l’« acte » prétendu peut être proprement un acte. Le crime ne s’accomplit jamais comme acte, et le « passage à l’acte » n’est qu’échec de l’acte véritable."
JURANVILLE, LPH, 1984

DISCOURS, Sublimation, Discours de l'analyste, Autre, LACAN

Quoi qu'en dise Lacan, et bien qu'il n'apparaisse pas en premier dans l'histoire, le discours analytique est nécessairement le discours primordial. Le maitre en position d'agent ne s'adresse à l'autre que pour répondre - illusoirement - à sa question et à sa demande. Mais la cause de la question n'est rien d'autre que le symptôme premièrement signifiant et "parlant", position qu'incarne justement l'analyste dans son discours, grâce à quoi l'autre pourra alors énoncer le signifiant paternel (S1). Tout discours est nécessairement, pour le sujet qui y prend place, en rapport avec une forme de sublimation ; or structurellement, dans l'inconscient, celle-ci requiert que le sujet occupe la place de l'Autre, ce qui qui est le cas dans le discours analytique. Tous les autres discours en dérivent, mais en modifiant les rôles (et non les places bien sûr) font échouer la sublimation qu'ils supposent pourtant :

"C’est de cette place que l’amour qu’il donne et suscite ne s’étouffe pas dans la haine (comme dans le discours universitaire et dans le discours de l’hystérique), et ne s’efface pas dans le désir (ce qui est le cas du discours du maître)."
JURANVILLE, LPH, 1984

DISCOURS, Histoire, Vérité, Sublimation

Bien qu'il soit partie prenante du monde historique, le discours du maître (ou discours métaphysique) fait la jonction avec le monde traditionnel hiérarchisé et ne reconnaît pas l'histoire ; assignant à chacun sa jouissance, il ne lui permet pas de connaître la sublimation. Le discours hystérique (ou discours empirique, scientifique) s'en tient au scepticisme quant au réel et à la vérité ; il refuse donc de sublimer davantage et développe juste ce qu'il faut de savoir pour assurer la domination du maître. Pour le discours universitaire (discours philosophique, à dominante herméneutique) la sublimation est le fait des maîtres du passé, et l'histoire est synonyme de décadence. Sa seule issue est de s'ouvrir au discours analytique et de reconnaître le réel de l'inconscient. Car, enfin, pleinement historique, le discours analytique est le seul qui fasse acte et engage l'autre dans la sublimation. Sublimation qui ne consiste pas à réaliser un idéal, mais à pointer la faille du réel dans l'unité imaginaire du monde que promeuvent justement tous les autres discours.

"Le monde historique a comme structure essentielle d’être le champ où s’opposent les quatre discours fondamentaux. Mais par là même il est un monde où est posée la faille du réel, un monde qui ne se clôt pas comme une « pure totalité ». Si en effet les autres discours confortent l’idée d’un monde et l’idéal de maîtrise, le discours analytique dénonce en acte cet idéal, affirme et est le réel. L’existence du discours analytique est donc le symptôme social par excellence, « ce qui ne va pas » dans le monde historique (et la présence de cette faille). En tant que symptôme social, il est dans ce monde ce qui fait problème, et ce à partir de quoi s’interrogent tous les discours."
JURANVILLE, LPH, 1984

DISCOURS PSYCHANALYTIQUE, Sublimation, Lettre, Chose, LACAN

Dans le discours psychanalytique, l'agent qu'est l'analyste tient la place de l'objet pour amener l'analysant à produite le signifiant paternel, de l'ordre de la lettre. Car du lieu de l'Autre symbolique qu'il occupe alors, celui-ci ne voit plus l'analyste comme l'objet de son fantasme, mais comme la Chose qui l'appelle à sublimer, et justement à inscrire la lettre sur la page blanche symbolisée par l'analyste.

"Le dernier discours fait venir à la place de la vérité le savoir inconscient. Sa thèse, c’est que c’est le savoir qui est signifiant. Mais non pas au sens où il serait le signifiant suprême et l’objet du désir. Le propre du savoir comme savoir « inconscient », c’est en effet d’être un savoir qui ne manque pas et qu’on a déjà, et qui au contraire pose comme signifiant suprême un autre signifiant. Si le savoir inconscient est signifiant pour l’agent de ce discours, ce ne peut être qu’à partir du signifiant suprême, et comme lettre, savoir écrit. Énonçant le savoir inconscient dans son discours, l’agent doit lui-même être pris dans l’écriture et dans la sublimation à quoi il convie l’autre... L’analyste n’est pas simplement l’objet, mais la Chose , et sublimer, pour le sujet, c’est supporter que l’analyste ne soit pas simplement l’objet de son fantasme, c’est « élever l’objet à la dignité de la Chose », en réaccomplissant l’acte créateur par quoi, du lieu de l’Autre symbolique, la lettre est produite sur la page qu’est en l’occurrence l’analyste lui-même. Cette identification imaginaire au père symbolique, propre à la sublimation, ne constitue en elle-même aucune maîtrise."
JURANVILLE, LPH, 1984

ABANDON, Sublimation, Psychose, oubli

De même que l'oubli, sublimation finie, conduit à sombrer dans la névrose pathologique en cas de refus du savoir, de même l'abandon, sublimation totale, conduit à sombrer dans la psychose pathologique, exactement pour la même raison, au lieu de poser la bonne psychose, celle qui accueille l'inconscient.

"L’oubli, ce qu’on joue, ce à quoi on joue, nous était apparu comme en soi sublimation finie, dans le cadre de la névrose, de la bonne névrose. Mais nous avons vu ensuite – réalité de l’oubli – que, si cette sublimation finie ne débouche pas sur le savoir, on retombe alors, en fait, dans l’ordinaire névrose pathologique. L’abandon, ce qui joue, ce par quoi on joue le jeu, vient de nous apparaître, lui, comme en soi sublimation totale, où la finitude est absolument revoulue. Or – réalité de l’abandon – si cette sublimation totale ne débouche pas sur le savoir, on reste alors pris en fait dans l’ordinaire psychose pathologique. Et si la sublimation totale peut s’accomplir effectivement et atteindre au savoir, au savoir philosophique, c’est pour autant qu’elle aura laissé venir en elle, et posé comme telle, la bonne psychose, celle qu’implique l’inconscient."
JURANVILLE, 2000, JEU

ABANDON, Finitude, Autre, Sublimation

L'abandon vrai est celui par lequel le fini s’abandonne à l’Autre absolu, comme cet Autre toujours déjà s’abandonne à lui, tous deux revoulant la finitude ; mais d'abord le fini ne veut pas de cet abandon, par rejet de la finitude, et sombre dans la déchéance sociale - ou bien refuse l'épreuve du savoir qui pourrait conduire le monde social vers cet abandon.

"La pensée de l’existence récuserait notre conception de l’abandon vrai par lequel le fini s’abandonne à l’Autre absolu, comme cet Autre toujours déjà s’abandonne à lui. Abandon par lequel le fini reveut toute la finitude, comme cet Autre toujours déjà la veut. Abandon par lequel le fini s’engage, comme individu, à « jouer le jeu » jusqu’au bout, jusqu’à instituer lui-même, sur fond de jeu de l’Autre, le jeu du savoir. Et certes il nous faut bien reconnaître que l’abandon, pour le fini, n’est pas d’emblée celui-là. Et que, d’abord, ou bien il affirme un abandon qui permette un savoir reconnu, dans le cadre d’un monde social, et alors c’est un abandon faux, celui de la déchéance, dans lequel on ne s’abandonne pas et rejette en fait la finitude radicale, ou bien il veut un abandon vrai, à l’Autre comme tel, avec toute la finitude, et alors il doit exclure tout savoir et tout monde social à quoi mènerait cet abandon. Mais n’est-ce pas justement en excluant ainsi tout savoir nouveau, qu’on entretient le plus radicalement ce qui fait le fond de l’abandon ordinaire et faux ?"
JURANVILLE, 2000, JEU