L'acte est toujours un signifiant qui, produit à partir d'un autre signifiant, vient introduire une rupture, un changement structurel dans le sujet : en réalité l'acte instaure un sujet différent, différemment représenté par un signifiant pour les autres signifiants (selon la célèbre définition du signifiant par Lacan). L'acte ne vaut que d'être confirmé (il peut aussi échouer), ce qui implique que le signifiant en question puisse se répéter. Or la répétition de l'acte - quand elle n'est pas "passage à l'acte" régressif, mais parole ou écriture - vaut comme une structure à part entière, et même structure créatrice : c'est la voie de la sublimation.
"Le difficile de l’acte (c’est patent pour le crime), c’est qu’il faut être à la hauteur de l’acte qu’on a accompli, montrer qu’on le referait si la situation était la même, qu’on ne cesse de le revouloir, d’en vouloir, comme le dit Nietzsche, le retour éternel : c’est en ce sens qu’il est « un signifiant qui se répète ». L’acte est l’entrée effective dans une autre structure, la sublimation même. Non pas simplement instauration du sujet, mais surgissement du sujet comme différent... Et c’est comme acte d’écriture ou de parole que l’« acte » prétendu peut être proprement un acte. Le crime ne s’accomplit jamais comme acte, et le « passage à l’acte » n’est qu’échec de l’acte véritable."
JURANVILLE, LPH, 1984
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