ACTE, Philosophie, Histoire, Psychanalyse

Comme savoir de la rupture en général, l'histoire s'analyse dans son concept comme événement, récit, puis acte. "Il [l'acte] est ce qui fait accueillir la rupture de l’événement en tant que cette rupture doit se répéter aussi longtemps qu’elle ne s’est pas accomplie dans le savoir." écrit Juranville. Lacan reconnait au seul discours analytique la capacité de faire acte, faisant en sorte que l'Autre, le patient, accède à sa vérité. C'est pourtant en se plaçant sur le terrain de la philosophie, en posant l'être comme vérité du sujet de l'inconscient qu'il a cherché à faire entendre et reconnaitre cet acte analytique. Car la philosophie poursuit elle-même une visée d'acte, acte politique au niveau du sujet social, tout en prenant la psychanalyse comme modèle de discours permettant à l'acte de s'accomplir (le patient y étant placé par l'analyste au lieu de la vérité). Déjà la relation éthique, comme relation à l'homme vrai selon Levinas, relève d'une logique de l'acte - simple visée cependant, sans aller jusqu'à s'accomplir en acte politique. L'acte politique de la philosophie nécessite que celle-ci accorde sa grâce aux autres grands discours, qu'elle reconnaisse leur vérité partielle et qu'elle s'efface comme pouvoir face à l'Autre absolu de la religion. L'acte propre de la philosophie est donc bien l'achèvement de l'histoire. L'acte comme fin de l'histoire (et épiphanie des religions) s'analyse alors comme libération (l'acte en lui-même), responsabilité (ce dans quoi et par quoi s’accomplit l’acte), enfin comme révélation (ce qui inspire l'acte jusqu'à son accomplissement).

"Freud et Lacan, le premier en l’introduisant, le second en l’accomplissant, ont montré, dans la psychanalyse, le modèle de l’acte – de l’acte en tant que seul il peut s’opposer réellement à la catastrophe absolue qu’est l’holocauste. Freud, parce qu’il a affirmé l’inconscient dans le cadre d’une relation thérapeutique, a pu donner à ce concept toute sa portée. Et il a découvert alors, d’une part, l’inéliminable de la pulsion de mort – d’où son pressentiment de l’holocauste, la pulsion de mort ne pouvant, face à l’exigence d’entrer dans la fin de l’histoire, qu’entraîner vers la catastrophe absolue –, d’autre part la possibilité offerte par la psychanalyse, en s’affrontant à la pulsion de mort, de faire triompher sur elle la pulsion de vie – acte."
JURANVILLE, 2007, EVENEMENT

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