Heidegger analyse parfaitement l'aliénation comme conséquence inévitable d'une finitude non assumée ; mais c'est aussi au nom de la finitude qu'il refuse d'envisager la possibilité d'un savoir rédempteur. Pire, en proclamant l'"esprit du peuple" dans son année de rectorat, il promet au même titre que le Führer de vaincre et même de supprimer ladite aliénation, interprétée de surcroit en terme de déracinement, faisant ainsi allégeance à l'idole la plus païenne qui soit, le peuple lui-même (appartenant à la patrie, appartenant au sol, etc.) ; cette folie ne pouvait s'achever que par la catastrophe historique que l'on sait. Ce qui eut lieu avec l'holocauste fut proprement un acte sacrificiel en l'honneur de cette idole, et dans l'intention de venger l'aliénation de ceux qui, supposément, n'auraient pas reçu toutes les conditions de l'émancipation, et ceci à cause des nantis, des "élus" (d'où la persécution des Juifs au premier chef).
ALIENATION, Finitude, Holocauste, Paganisme, HEIDEGGER
"Les camps sont ces lieux où – au nom, prétendument, de ceux qui n’auraient pas reçu les conditions de leur accomplissement, ou auxquels on les aurait enlevées – on a voulu, par ressentiment, priver les hommes de toutes les conditions qui font l’homme dans sa dignité d’homme... Les camps sont ces lieux en particulier où on a voulu priver de toutes les conditions ceux dont on avait l’idée, secrètement, qu’ils les avaient reçues en abondance, toutes les « personnes de condition » et, parmi eux, suprêmement, les Juifs. Comme si l’élection n’était pas un acte par quoi on s’engage à répondre à un appel de l’Autre ! Et comme si le peuple juif n’avait pas, lui, répondu positivement à un appel qui avait été adressé à tous les hommes (lesquels, s’ils y ont répondu négativement, peuvent toujours prétendre ensuite qu’ils n’ont pas eu les « conditions ») !"
JURANVILLE, ICFH, 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire