Dénonçant une aliénation persistante, de nature religieuse, dans le système de Hegel, les jeunes hégéliens en appellent à la libération de la conscience individuelle, mais reconduisent une aliénation que leur reproche à juste titre Marx : cette individualité n'est nullement libre, si elle ne prend pas conscience de ses conditions matérielles de subsistance et demeure donc ce qu'elle est déjà chez Hegel : philosophiquement idéaliste et politiquement petite-bourgeoise. Marx, quant à lui, répète la même illusion consistant à prétendre éliminer toute aliénation dans le social, en croyant pouvoir mettre à bas le capitalisme - alors que ni l'une ni l'autre ne sont éliminables -, au nom d'une même identité métaphysique insuffisamment critiquée (certes matérialiste et non plus idéaliste) et d'une autonomie simplement supposée. Etant donné ses fins révolutionnaires, le marxisme conduit à une idéologie encore plus aliénante et dévastatrice que le capitalisme puisque toute finitude y apparaitra comme insupportable.
ALIENATION, Capitalisme, Illusion, Idéologie, MARX
"Concevoir l’aliénation comme éliminable apparaît, dès lors que l’existence essentielle a été introduite (par Kierkegaard), comme une illusion. Et comme une illusion dans laquelle l’existant toujours d’abord et toujours à nouveau tend à retomber. Ainsi pour les « jeunes hégéliens » – dont l’illusion est dénoncée par Marx –, mais aussi pour Marx lui-même... Marx répète lui aussi, selon nous, la même identité métaphysique, la même identité fausse rejetant l’altérité (c’est l’individu producteur dans sa prétendue suffisance à soi) ; et il participe lui aussi (et dramatiquement cette fois-ci du fait de sa visée idéologique de révolution) de la même illusion d’une aliénation qu’on pourrait éliminer (en l’occurrence, celle qu’implique le capitalisme)."
JURANVILLE, ICFH, 2010
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