Le discours psychanalytique ne supprime pas l'aliénation, même s'il donne toutes les conditions nécessaires (venues de l'Autre) pour que la vérité puisse advenir dans la parole du patient et que celui-ci se libère de ses symptômes sous leur forme maligne ; tout simplement parce qu'il ne supprime pas la pulsion de mort, toujours à l'oeuvre derrière le masque grimaçant du Surmoi et de la culpabilité, de sorte que le patient peut toujours faire le choix paradoxal de l'aliénation en se soumettant à ce "mauvais" Autre plutôt qu'à l'Autre vrai. De la même manière le droit, pour le sujet social, n'a pas vocation à éliminer toute aliénation dès lors que pris dans le système capitaliste - lequel, en s'adossant au droit, limite pourtant (sans les éliminer) ses propres effets pervers - l'individu se laisse berner par la pseudo-création de plus-value, interprétée comme plus-de-jouir par Lacan, autrement dit le contraire même de la création, de sorte que cette participation volontaire à la jouissance capitaliste le conduit non seulement à s'aliéner aux biens du maître mais aussi à perdre réellement ses droits (alors que toutes les conditions pour en bénéficier étaient données et le sont toujours : l'Autre ne peut donc pas être accusé d'avoir failli à la place du sujet).
ALIENATION, Capitalisme, Psychanalyse, Pulsion de mort
"Certes le droit détermine les conditions qui doivent être données socialement à l’existant pour accéder à soi-même. Conditions nécessaires, mais non suffisantes, la possibilité existant toujours, et devenant inévitablement réelle, de ne pas jouir de ses droits, et d’en rester à l’aliénation inéliminable. Le capitalisme est, selon nous, la forme sociale qu’a prise explicitement dans l’histoire – forme inséparable du droit, des progrès du droit – cette aliénation inéliminable."
JURANVILLE, ICFH, 2010
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