DISCOURS UNIVERSITAIRE, Discours de l'analyste, Vérité, Savoir

Comment le discours universitaire (et donc la philosophie) est-il en mesure d'énoncer la vérité du discours analytique, alors même qu'il ne saurait énoncer lui-même l'inconscient ?Certes l'agent de ce discours, parlant au nom du savoir, de cette maîtrise là, tient que l'autre (l'étudiant) n'a aucune maîtrise et ne sait pas ; en revanche il reconnait que l'étudiant pourra accéder au savoir et s'emploie donc à susciter en lui ce désir de savoir. Or qu'est-ce que cette non-maitrise de l'autre (a/$) sinon la situation symptômatique du discours analytique lui-même (a --> $) dans l'histoire, ce fait inadmissible que l'objet (de jouissance) "parle" au sujet et repose sur un savoir (inconscient) ? Donc, au moins, le discours universitaire reconnait-il le non-savoir comme un authentique symptôme, une situation remédiable qu'il tente de résoudre pour sa part en désir de maîtrise. En quoi, s'il échoue à faire produire un savoir personnel à l'étudiant (puisqu'à la différence du discours analytique, il ne reconnait aucun savoir au sujet), l'important est que ce symptôme soit reconnu comme présence d'un désir et donc comme lieu d'une vérité. Il reste au discours universitaire, dont la vocation est historique et non individuelle, à énoncer explicitement la vérité (certes partielle) du discours analytique, au lieu de se contenter de la supposer, condition même pour que sa propre pensée absolue (en tant que philosophique) parvienne à se déployer en savoir spéculatif et vérité totale.

"Si le discours universitaire, et donc le discours philosophique, peut dire effectivement l’inconscient, en le faisant éprouver dans sa vérité de signifiant, ce ne saurait donc être directement, mais par l’intermédiaire du discours analytique, en tant que symptôme social et ce qui fait problème pour tous les discours. Le discours universitaire affirme qu’il y a une maîtrise absolue, celle des grands auteurs, mais aussi une non-maîtrise, celle justement de l’autre (de l’étudiant nommément). Mais de cette non-maîtrise il affirme aussi la vérité. À la différence du discours du maître et du discours de l’hystérique... Si l’étudiant (et l’analyste) n’a pas de savoir pour le discours universitaire, il a en tout cas une vérité. Le discours universitaire donne vérité au symptôme, donc au discours analytique, soit celui qui peut énoncer l’inconscient en le faisant directement éprouver. Le discours universitaire ne fait donc pas éprouver directement l’inconscient, mais son énonciation suppose le discours analytique comme le lieu d’une vérité. La pensée absolue saisissant l’inconscient peut s’y dire, pour autant que ce discours renvoie celui qui écoute à une vérité qui est celle du discours analytique."
JURANVILLE, LPH, 1984

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