Les deux faces du libéralisme : d'une part il fixe la finitude de l'humain et l'inégalité éthique des sujets face à la nécessité de s'ouvrir à l'Autre et de renoncer à son identité première, pour devenir individu ; d'autre part il garantit à chacun, par le droit, la possibilité de devenir un tel individu, dès lors que la "raison gouvernementale" (Foucault) et le système parlementaire modèrent les velléités totalitaires du pouvoir étatique.
Foucault décrit bien ce qu'il en est du monde de la fin de l'histoire, même s'il ne le proclame pas comme tel. Il le vise en tout cas en reconnaissant finalement la vérité de ce qu'il avait pourtant longtemps combattu, le libéralisme. D'un côté, le libéralisme fixerait la finitude de l'humain, le fait que tous en quelque manière refusent de s'ouvrir, comme individus véritables, à l’Autre en général, que tous en quelque manière restent clos sur leur intérêt immédiat d'individus quelconques – ce que Foucault appelle les sujets économiques. D'un autre côté, le libéralisme garantirait à chacun, par le droit, l'espace pour devenir, s'il le veut, individu véritable. Terme de la gouvernementalisation de l'État, de l'« auto-limitation de la raison gouvernementale », le libéralisme serait le capitalisme en tant qu'ont été introduits « dans la législation économique les principes généraux de l'État de droit », avec décisivement l'« organisation d'un système parlementaire réellement représentatif ». Fin de l'histoire, selon nous.
JURANVILLE, 2021, UJC