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CAPITALISME, Révélation, Révolution, Individu

La révélation appelle nécessairement le capitalisme, non comme bien mais comme le moindre mal social, et comme le terme suprême de la révolution : soit un système social régi par le droit, ouvert à l'avènement de l'individu. Cet événement est proclamé par la philosophie dès lors qu'elle reconnait la vérité de toutes les grandes religions, elles-mêmes reconnaissant l'autonomie de l'individu.


"L’existant est appelé, par la révélation qui lui en donne toutes les conditions, à revouloir pour le bien le capitalisme comme forme minimale du mal social. Pour le bien qui est la possibilité qu’advienne l’individu, en réponse à la révélation. La révélation veut le capitalisme pour autant qu’il est le paganisme quand celui-ci est empêché, par le droit, de broyer la possibilité qu’advienne l’individu."
JURANVILLE, 2010, ICFH

ALTÉRITÉ, Révolution, Discours du clerc, Identification

Le discours du clerc a comme phénomène la révolution, de même que le discours du peuple a comme phénomène la tradition, et le discours du maître l’institution. Or poser la révolution implique d'une part d'affirmer son identité (comme énonciateur de cette idée, de ce projet) aux yeux des autres sujets, et d'autre part d'affirmer cette identité comme résultant de la relation avec ces autres sujets (comme interlocuteurs participant à ce projet) : cela revient donc à poser son identité dans la relation, ce qui définit proprement l'altérité. Mais porter la révolution implique non seulement une identité et une volonté, mais une identification sociale spécifique, la mise en place d'un discours. Nous dirons donc que l'identification sociale du discours du clerc est l'altérité, de même que l’identification sociale du discours du peuple est l’objectivité, et celle du discours du maître la subjectivité.


"Ce qu’il faut à l’existant, c’est certes poser la révolution voulue vraie, et donc s’affirmer identité aux yeux de l’autre homme, occuper à ses yeux la place du maître qui ordonne le monde. Mais c’est aussi, en même temps, poser comme essentielle la relation à l’autre homme, au point que l’identité provienne de cette relation. C’est poser en même temps identité et relation. C’est donc poser l’altérité, puisque telle est sa définition. Altérité qui est certes supposée par la révolution, mais qui doit être maintenant, non seulement posée comme telle, mais recréée comme telle, pour donner au discours du clerc qui se réclame de la révolution, sa vérité objective."
JURANVILLE, EVENEMENT, 2007

ALIENATION, Révolution, Altérité, Objectivité

 Avec les révolutions socialistes et le totalitarisme, le XXè siècle aura été le témoin d'une "aliénation de la désaliénation elle-même" comme le dit Levinas, prouvant par là-même ce qu'elles niaient farouchement, à savoir le caractère inéliminable de l'aliénation. Cela parce que l'aliénation a été ramenée à sa seule dimension sociale, elle n'a pas été vue dans son caractère essentiel, comme constitutive de la finitude humaine. On a voulu lui substituer une identité mythique à "retrouver", à "libérer", celle d'un "moi" déjà là (quelque soit le nom qu'on lui donne), exactement comme chez Hegel. A l'inverse la pensée de l'existence, celle de Levinas notamment, sous-estime trop l'enjeu politique de l'aliénation, comme elle efface trop vite la perspective d'une identité en général : « Unicité sans intériorité, moi sans repos en soi, otage de tous – homme sans identité » écrit Levinas. Même chose chez Lacan avec sa conception d'un Autre sans Autre, qui en ne reconnaissant pas, pour le sujet, la possibilité de se faire l'Autre de l'Autre, d'en retirer identité et objectivité, rend impossible toute désaliénation sociale.

"Et c’est toujours cette altérité pure au-delà de toute identité qui s’exprime chez Lacan dans sa formule bien connue qu’« il n’y a pas d’Autre de l’Autre ». Or n’est-ce pas en excluant de pouvoir jamais poser comme telle l’altérité vraie qu’on conforte le plus définitivement la prise dans l’aliénation ordinaire, et donc le monde sacrificiel ? Ne faut-il pas au contraire poser malgré tout l’altérité dans toute sa vérité, en tant qu’elle met chacun en situation, comme identité et autonomie, de reconstituer l’objectivité vraie et qu’elle ouvre à la révolution et à l’institution, à partir de là, du monde juste ?"
JURANVILLE, EVENEMENT, 2007

ALIENATION, Révolution, Existence, Société, MARX

L'aliénation pour Hegel est le processus nécessaire par lequel l'esprit absolu s'incarne et se perd, dans un premier temps, dans la conscience humaine, pour mieux se ressaisir et se comprendre lui-même. Aliénation purement formelle et de type religieuse dénoncent les jeunes hégéliens et Marx en particulier, lequel souligne le caractère avant tout social et économique de l'aliénation et en appelle à la révolution pour permettre une autonomie réelle. Mais l'inconséquence de Marx, au regard de l'existence, qu'il suppose et reconnait pourtant - au moins formellement, au titre de l'individu concret disposant de sa force de travail - est d'ignorer les conséquences encore plus aliénantes et totalitaires d'une révolution prétendant nier l'aliénation dans son principe. Comme si pour penser l'existence il ne fallait pas en même temps reconnaitre le caractère radical et inévitable de l'aliénation, comme sujétion à l'Autre en général (et d'abord à l'Autre absolu), justement pour la vaincre - autant que possible, mais jamais totalement - comme prétendue justification du pouvoir (laquelle doit revenir au droit).


"Marx, parce qu’il ne fait que supposer l’existence, entretient, avec sa révolution, l’illusion dangereuse, « aliénante », d’un triomphe total sur l’aliénation. De cette aliénation la philosophie doit, avec l’existence et l’inconscient, soutenir que, certes ultimement sociale, elle est radicale et définitive, mais soutenir aussi qu’elle peut, par une révolution vraie, être vaincue comme principe organisateur du monde social et limitée dans ses conséquences."
JURANVILLE, EVENEMENT, 2007

METAPHORE, Etre, Sujet, Révolution

Puis, toujours le deuxième moment de son déploiement, la métaphore de l'être identifie bien l'étant au sujet, mais en le reconnaissant dans sa finitude : selon Kant c'est l'objet qui se règle sur la connaissance, c'est-à-dire sur les structures a priori de la subjectivité, et il faut admettre qu'il ne se donne que dans l'expérience sensible. Il ne peut y avoir de sujet absolu que dans le domaine moral, et encore cela ne relève t-il que qu'un idéal. Hegel ouvre certes la voie, dialectique, vers un sujet absolu et même un savoir absolu, explicitement philosophique, mais qui ne peut obtenir aucune reconnaissance universelle. Ce savoir philosophique débouche pourtant, à la fin de l'époque moderne, sur l'événement de la Révolution et donc sur la reconnaissance au moins d'un progrès, essentiellement juridique ; progrès inséparable d'ailleurs d'une autre finitude dite "radicale", elle-même morale et comme redoublant la finitude naturelle, puisqu'elle consiste dans le refus même de la liberté et de tout progrès, volonté de répétition pure, pulsion de mort.

"Le sujet est ensuite découvert dans sa finitude irréductible. C’est ce qu’a apporté Kant. Non seulement l’objet doit selon lui (c’est la « révolution copernicienne ») se régler sur la connaissance, c’est-à-dire sur les structures a priori de la subjectivité, mais il doit être donné dans l’expérience sensible. Pas d’autre savoir reconnu de tous que celui des sciences positives, qui n’envisage qu’un objet fini. L’homme doit se vouloir sujet absolu, mais cela ne vaut que pour le domaine moral et reste de toute façon hors d’atteinte (c’est l’idéal impossible de sainteté), et la faille de la finitude est toujours là. Certes Hegel va reprendre les analyses de Kant et soutenir que la finitude inéliminable alors découverte peut être dépassée dialectiquement, le sujet humain se faire sujet absolu déployant le savoir vrai, philosophique... Mais ledit savoir absolu, quelque perfection formelle qu’il ait atteinte, n’a pas bénéficié (c’est le moins qu’on puisse dire!) de la reconnaissance universelle... Il y a bien pourtant reconnaissance implicite, en ce temps, pour le savoir philosophique comme cosmologique. C’est le progrès général, notamment juridique, des sociétés historiques. Progrès qui débouche sur la Révolution française. Mais, dans cette Révolution, surgit, précisément par la Terreur et la Contre-Terreur, l’évidence d’une autre finitude, de ce que nous appelons la finitude radicale ou pulsion de mort."
JURANVILLE, 2024, PL

INDIVIDU, Société, Jeu, Révolution

C’est l’individu qui donne toute sa vérité à la société. Si le contrat est l'acte instituant la société, et si le jeu est ce dans quoi elle s’accomplit, l’individu en est le principe subjectif, celui qui veut la société et la pose finalement comme jeu - jusqu'à l'événement terminal qu'est la Révolution.

"La société est enfin individu. Comment aller jusqu’au bout du jeu essentiel, jusqu’au jeu du savoir philosophique qui pose comme telles la vérité et la justice de tous les jeux vrais et justes ? En s’engageant dans le pur affrontement à la finitude radicale, au-delà de tout modèle, en mettant son identité dans l’unicité. Or identité et unicité définissent, on le sait, l’individu. C’est donc l’individu qui donne toute sa vérité à la société. Si le contrat est la société dans l’acte qui l’institue, et si le jeu est ce comme quoi doit être posée cette société, ce dans quoi elle s’accomplit, l’individu est ce qui veut la société, ce qui passe pour cela contrat, et en vient à la poser comme jeu. Car si l'individu commence par la solitude, par l’arrachement au monde social ordinaire, il doit retourner ensuite vers la société, cette fois-ci comme vraie et juste. Et là, au-delà de l’événement primordial qu’est le Sacrifice du Christ, on rencontre l’événement terminal qu’est la Révolution. Au-delà de Kierkegaard, Marx. Marx pour qui « il se révèle que l’épanouissement d’un individu dépend de l’épanouissement de tous ceux avec lesquels il entretient des contacts directs ou indirects »."
JURANVILLE, 2007, EVENEMENT