L'inconscient signifie que l'on sait quelque chose à notre insu et que l'on en jouit. Il n'y a aucun savoir de ce savoir mais seulement un discours pour l'énoncer, et encore dans les conditions propices à susciter l'épreuve de ce savoir et de cette jouissance, c'est-à-dire dans la situation de la cure analytique. Cela reste un discours, sauf que ce discours analytique est le seul à dénoncer l'illusion spéculative d'un discours déployant un savoir sur le savoir inconscient ; il énonce juste qu'il y a de la jouissance au savoir et en récupère une partie. Il faut comprendre que le discours en général prend naissance d'une question, et même d'une question sur l'être, et donc d'un manque ; non pas directement d'un manque à être mais d'un manque à penser l'être-comme-un, comme plénitude, manque à jouir. Et le discours en général, spécialement sous sa forme initiale qu'est le discours du maître, propose une réponse à la question, et donc une thèse sur la jouissance. Il n'y a pas moyen de sortir de cette effet spéculatif, en quelque sorte pervers du discours, sauf avec le discours analytique parce que seul il assume le savoir comme jouissance (ou pensée) inconsciente, et il en propose l'épreuve au sujet au moyen du discours.
DISCOURS, Savoir, Jouissance, Analyse
"Comment alors concevoir ce discours sur l’inconscient ? Comment, plus radicalement, concevoir le discours en général, qui porte l’illusion spéculative, à partir de l’inconscient, qui la dénonce ? Rappelons que tout discours suppose une question, qui renvoie finalement à la question philosophique sur l’être. Ce que recherche la question, c’est le savoir sur l’être. Mais ce savoir est fondamentalement problématique, il est suspendu à la possibilité effective de la pensée, et la question n’aurait plus de sens si la pensée, d’une certaine manière, ne manquait pas. Ce manque de la pensée, comme lieu premier de l’être-un, c’est le manque de la plénitude, ou encore de la jouissance. Le discours trouve son origine dans le défaut de la jouissance, et quelle que soit la thèse qu’il soutient, voire la thèse qu’il n’y a pas de plénitude, il apparaît, en tant que discours, comme disant Voici ce qu’il faut faire pour connaître la jouissance."
JURANVILLE, LPH, 1984
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