INDIVIDU, Désir, Autre, Oeuvre

Le IX° commandement, en appelant à ne pas convoiter les biens d'autrui, montre la voie du vrai désir pour l'individu qui, certes ne s'affranchit pas du désir de l'Autre, mais l'oriente vers un objet nouveau qui ne peut être que son oeuvre propre, oeuvre toujours in fine destinée à l'Autre.

"Le IX° commandement appelle à ne pas convoiter les possessions d'autrui, à ne pas les désirer, à ne considérer comme désirable que ce qui surgit imprévisiblement comme Autre et qu'on laisse être tel. On peut soutenir que ce IX° commandement prend toute sa portée d'indiquer comment devenir individu ; en reconnaissant la sexualité comme la figure fondamentale de la finitude proprement humaine ; et en l'assumant dans un désir où elle apparaîtra comme n'entravant aucunement l'existant dans l'accomplissement de son œuvre propre. Il appelle donc au vrai désir. Vrai désir qui n'exclut pas l'imitation, le « désir mimétique ». Car, du fait de la finitude, il est inévitable d'entrer dans le désir, si on y entre, par le modèle qu'est le désir de l'Autre ; on commence inévitablement par s'arrêter à ce désir faux - complexe d'Œdipe typiquement. Mais le désir ne devient véritable que si, au-delà de toute imitation, au-delà de l'Œdipe, au-delà de tout ce qui maintient dans l'identité originelle, on se crée un objet nouveau qui peut être un Autre humain qu'on laisse venir à soi, mais qui peut être aussi une œuvre dans laquelle on s'engage, voire l'Autre divin lui-même - ces relations à un Autre étant toujours des œuvres."
JURANVILLE, UJC, 2021

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