Affirmant l'existence, la pensée philosophique ne peut pas éviter de poser en même temps l'identité et l'autonomie créatrice résultant de cette même existence, avec la possibilité d'un savoir conduisant à un monde juste, "dans lequel chacun recevrait toutes les conditions pour s’établir effectivement dans son individualité essentielle" ; c'est la position de Marx, qui reconnait et l'existence et l'individu comme essentiels, mais qui perd toute idée de finitude radicale et corrélativement toute relation à un Autre absolu.
"En vérité la pensée philosophique ne peut pas, affirmant l’individu, s’arrêter à ce refus de poser aucun savoir vrai et aucun monde juste [position de Kierkegaard]. Car elle doit reconnaître que l’existant, quand il proclame – et se proclame – un tel individu supposé s’être arraché au monde ordinaire, et quand, cependant, il laisse intouché ce monde, se contredit là aussi, et qu’il reste alors capté par ce monde, aliéné à lui. Elle doit donc vouloir, contre la position qu’elle a prise initialement, celle de Kierkegaard, affirmer comme telle l’identité et autonomie de l’existence essentielle, identité et autonomie créatrice qui serait le principe d’un savoir nouveau permettant d’instituer le monde juste dans lequel chacun recevrait toutes les conditions pour s’établir effectivement dans son individualité essentielle. Toutes choses qui se retrouvent dans les conceptions de Marx. Mais l’existant tel que l’affirme alors la pensée philosophique, cette fois avec Marx, considère que poser comme telles quelque finitude radicale et quelque relation à l’Autre absolu, ce serait, pour lui, contredire l’autonomie créatrice qu’il voulait proclamer. De sorte que, affirmant l’individu et le monde juste que cet individu instituerait, l’existant ne dit rien de la finitude radicale de l’individu ni de sa relation à l’Autre absolu."
JURANVILLE, 2007, EVENEMENT
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