METAPHORE, Contradiction, Nomination, Oeuvre

Déployer la métaphore implique de résoudre la contradiction logique entre le terme substitué et celui qui subit la substitution : nulle facilité et nul arbitraire dans ce processus. D'autant moins que, s'agissant de l'homme, de son être, il devra en passer par tous les moments constituants de l'existence afin de recouvrer cette puissance créatrice que, depuis le commencement, sa finitude lui a fait perdre. Par la métaphore, l'homme retrouve la puissance de nommer, et donc d'oeuvrer, jusqu’à reconstituer une identité nouvelle et vraie.

"Comment faire apparaître la métaphore dans toute sa vérité ? Comment prouver qu’elle n’est pas cet « effet du jeu de l’arbitraire subjectif » que dénonçait Hegel ? Par la résolution patiente de la contradiction qu’elle implique entre ses deux termes, celui qui a été substitué et qui est mis en lumière et celui qui a subi la substitution et qui est effacé. Résolution qui fait passer – c’est le déploiement de la métaphore – par tous les moments nécessaires de l’existence en tant qu’elle détermine avant tout l’être de l’homme. Car le nom était à l’origine ce qui fait exister et, de fait, ce qui caractérisait éminemment l’Autre absolu comme principe de toute création. Mais le propre de la finitude de l’homme, c’est d’avoir fait perdre à ce dernier la puissance créatrice du nom. Or la métaphore est ce qui, selon nous, rétablit, pour lui, cette puissance. Dans la mesure néanmoins où il assume l’existence que toujours d’abord il rejette. De là le parcours de toute l’épreuve de la contradiction suscitée par l’initial rejet, jusqu’à la résolution de cette contradiction. Ce parcours est celui de toute oeuvre dans et par laquelle se reconstitue comme nouvelle l’identité et consistance originelle."
JURANVILLE, 2024, PL

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