METAPHORE, Etre, Sujet, Science

Dans un second moment de son déploiement, la métaphore de l'être identifie l'étant au sujet, lequel part en quête d'une reconnaissance universelle du savoir : cela correspond, historiquement, à l"époque moderne de l'institution de la science. Il revient à Descartes, par l'entreprise du doute, d'avoir établi le sujet dans sa vérité, et d'en déduire la connaissance du monde (on parlera donc du "savoir cosmologique du solipsisme", lequel ne se déploie plus par le nom, mais par la proposition). Mais sans la véracité divine, n'existerait aucune garantie de quelque savoir que ce soit. Le sujet, certes séparé et fini, est désormais en mesure de recréer le monde, même si les philosophes rationalistes postérieurs à Descartes atténueront, voire nieront, cette liberté créatrice et cette finitude du sujet en ramenant celui-ci dans le giron de la substance divine (notamment Spinoza).

"La reconnaissance du savoir, un savoir universellement reconnu et donc irréfutable, c’est ce qui est visé par l’étant (l’étant humain – l’homme, dit Levinas, est « l’étant par excellence ») devenant, au deuxième moment du déploiement de la métaphore de l’être, sujet... Descartes est le premier à avoir ainsi, par l’entreprise du doute qu’il a extrémisée dans les Méditations, fait apparaître le sujet dans sa vérité. Aristote avait parlé du sujet, de l’ὐποκείμενον, mais en tant que support d’un mouvement où toute la vérité résidait dans ce qui était visé, dans l’objet (encore qu’il ne parle pas d’objet comme il parle de sujet). Descartes, dans la recherche d’un savoir absolument indubitable, décrit le mouvement du doute portant d’abord sur la connaissance sensible, puis, par l’hypothèse du Malin Génie, sur la connaissance mathématicorationnelle elle-même. Jusqu’à déboucher sur la certitude du Ego sum ego existo, Je suis j’existe. Mais celle-ci, instantanée, ne devient celle d’un sujet élevé à sa vérité que parce que le Dieu puissant et bon dont l’existence est alors démontrée assure la continuité de cette certitude, l’identité du sujet à travers le temps. De là la constitution d’un nouveau savoir philosophique définitif, au-delà du savoir mathématique qui reste un modèle de savoir indubitable, le savoir cosmologique du solipsisme – le sujet, dans sa solitude heureuse offerte par Dieu, est en position de recréer le monde."
JURANVILLE, 2024, PL

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire