Le Droit canon est le moyen, pour l'institution de l'Eglise, d'affirmer son principe d'égalité entre tous les hommes, conformément à la célèbre proclamation de saint Paul : "Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme, car tous vous êtes un en Jésus Christ" (Galates, 3, 28). Il n'abolit certes pas les différences voire les hiérarchies constitutives de l'humain, selon ses principes, mais au moins il s'assigne comme but de réaliser le bien commun. Dans cette optique, le droit matrimonial apparaît comme central car c'est avec la famille et la consommation du mariage (union des deux sexes dans la procréation) que se soude le lien social, dans le respect toutefois de la personne individuelle et du libre consentement (abandon de la répudiation et de la polygamie). L'autorité de l'Eglise s'affiche indépendamment du pouvoir de l'Etat (conformément à la célèbre parole des Evangiles "rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est Dieu"), sur lequel elle entend exercer un contrôle moral, contrairement à ce qui existait à Rome où cette autorité émanait, de façon immanente à l'Etat, de la voix des ancêtres. L'institution de l'Eglise avait promu, d'abord pour elle-même, la liberté d'enseignement ; mais faute de perspective philosophico-scientifique unifiée ou vraiment universelle, les savoirs se contentent d'épouser les différents discours sociaux qui se déclinent typiquement, au Moyen-Age, comme autant d'"ordres" (clergé, noblesse, tiers-état) contredisant le concept même d'"Etat" (que la Royauté centralisée et surtout la République rétabliront).
"Tel est le propre de l'Etat médiéval comme Etat des états, où l'Etat n'est qu'un état parmi d'autres, où un état, celui de la noblesse, détient le pouvoir d'Etat, tandis qu'un autre, celui du clergé, veut exercer son autorité sur l'Etat."
JURANVILLE, 2015, LCEDL
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