AUTRE, Prochain, Responsabilité, Absolu, LEVINAS

La relation à l'Autre comme Prochain, ou proximité, est présentée par Levinas comme identification signifiante et plus précisément métaphorique : il s'agit de se substituer à l'Autre dans la responsabilité de ses fautes et de son malheur. Dans cette relation Autrui est l'absolument Autre, sur le modèle de la relation entre la mère et l'enfant (comme don et demande d'amour, respectivement, illimités), où chacun est bien l'Absolu pour l'autre. Mais cette responsabilité devant l'Autre en général, au-delà de la mère, l'homme la refuse ordinairement préférant adorer quelque Absolu faux (fabriqué à dessein par la société) ; se détournant du visage signifiant du Prochain, il se détourne en même temps de la loi de Dieu. Ce rejet de l'altérité essentielle, et surtout le refus des responsabilités qu'elle implique, représente le péché de l'homme selon Levinas. L'homme recule devant la séparation, qu'il a pourtant reçue de l'Autre, et il préfère déconsidérer son Prochain plutôt que d'y reconnaître l'Autre absolu vrai et surtout d'être confronté à sa loi.


"C'est ce que Levinas développe dans Totalité et infini, où il s'agit pour l'existant (et il peut toujours ne pas le faire) d'accueillir l'Autre qui surgit et qui met en question sa clôture sur soi, son "athéisme", sa séparation en tant que, l'ayant reçue de l'Autre, il a tenté de se renfermer en elle sans plus rien sentir de l'absence de l'Autre. Autre qu'il doit l'accueillir comme visage qui s'exprime, qui parle, qui signifie la loi - et d'abord de ne pas tuer. Autre qu'on ne porte plus dans ses entrailles, mais qu'on accueille dans un face-à-face. L'accueil de cet Autre introduirait, contre le système social sacrificiel, la justice."
JURANVILLE, 2015, LCEDL

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