INCONSCIENT, Angoisse, Création, Interprétation

L'inconscient fait passer de l’interprétation (vérité de l’hétéronomie) à la création (vérité de l’autonomie), ou de la métonymie à la métaphore, comme si la substance et la puissance créatrice de l'Autre passait enfin au fini. C'est toujours l'inconscient qui, par l'interprétation, donne sa vérité à la peur : peur de poser l'autonomie à laquelle l'Autre de l'hétéronomie nous appelle. Et c'est encore l'inconscient qui, par la création, donne sa vérité à l'angoisse : angoisse devant l'hétéronomie essentielle que le sujet devrait poser et assumer par lui-même. Mais le plus souvent, deux cas se présentent revenant à fuir la création : soit le fini se fait sujet social, livré à une peur mondaine ordinaire, tétanisante (devant les maîtres par exemple) et fuit l'angoisse dans la sexualité ; soit le fini se fait individu, connait la véritable angoisse de la séparation, mais il lui manque le courage d'oeuvrer pour instituer un monde juste, ce qui revient à nier autant l'hétéronomie que l'autonomie vraies.


"Or, dans le second cas comme dans le premier, lorsqu’on proclame l’angoisse en excluant tout savoir vrai comme lorsqu’on rejette toute angoisse par le savoir faux, ne demeure-t-il pas la même évidence d’un monde social dans lequel il n’y a pas de place pour l’autonomie du fini ? Cette évidence n’est-elle pas « inspirée » par la pulsion de mort, par le rejet de l’Autre vrai qui appelle à s’affronter jusqu’au bout à la finitude et à l’angoisse, et par la constitution de l’Autre faux ? Ne faut-il pas, pour l’angoisse elle-même, instituer le monde juste où l’épreuve de l’angoisse fondamentale, et donc sa propre capacité d’instituer des jeux, soit ouverte à chacun ?"
JURANVILLE, 2000, JEU

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