Selon Foucault, l'Occident aurait donné peu à peu la prééminence à un type de pouvoir qu'il appelle la Gouvernementalité, et qu'il oppose à la Souveraineté de l'Etat. Ce mouvement serait porteur de progrès et de justice dans la mesure où il ne tirerait pas de lui-même sa propre fin, mais des choses et des êtres vers lesquels se dirige son action. Ce principe, il en voit l'origine d'une part dans la parrhèsia grecque fondant le « gouvernement de soi et des autres », d'autre part dans la pastorale chrétienne et au-delà dans l'orient préchrétien (en l'occurrence juif). Contrairement à la souveraineté qui prend ses racines dans un territoire, le pouvoir pastotal s'exerce sur un troupeau (un peuple) à seule fin de le protéger. La gouvernementalité deviendrait « une pratique calculée et réfléchie » tandis que l'Etat apparaîtrait comme « l'idée régulatrice de la raison gouvernementale » toujours selon Foucault. Or de cette gouvernementalité vectrice de progrès, ainsi que des "procédures de véridiction" et autres "techniques de vérité" longuement analysées par ailleurs, Foucault refuse d'induire les éléments d'un savoir philosophique objectif, faute de "poser comme telle la vérité que pourtant il décrit" affirme Juranville.
"Foucault exclut de poser comme telle la vérité que pourtant il décrit et qui serait l'objet du savoir philosophique, décisivement celui de la justice. Or la justice progresse dans l'histoire selon Foucault, et cela de part la gouvernementalité, qui vient du judéo-christianisme. Il n'en reste pas moins que l'État, supposé juste, est d'abord en fait injuste, et que, pour Foucault, la justice n’advient dans l'État que par la gouvernementalité, l'histoire se caractérisant par la « gouvernementalisation de l'État »."
JURANVILLE, 2021, UJC
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