DEMOCRATIE, Individualisme, Cosmopolitisme, Judaïsme

L'individualisme a remplacé l'égalitarisme prolétarien, mais il repose sur une illusion : croire que la grâce reçue suffit, sans travail personnel visant à accepter sa finitude, sans reconnaissance de l'Autre absolu en soi, ce qui rend vaine toute perspective d'autonomie véritable. Contre tout individualisme apolitique, la démocratie véritable introduit le pluralisme (à travers la représentation) qui doit s'ouvrir au cosmopolitisme et non se refermer en particularisme. Bien sûr le particularisme juif peut sembler une exception, mais c'est parce qu'il a été de fait rejeté, alors qu'il sert en réalité de modèle pour les autres peuples, pour avoir justement introduit l'exigence de la grâce et de l'élection. La véritable universalité, illustrée par le messianisme juif, naît du particularisme mais s'accomplit dans la démocratie vers un cosmopolitisme accueillant toutes les particularités.


"L'évidence (égalitaire) du prolétariat, l'idée que certes n'ont pas reçu les conditions ou en ont été privés alors que d'autres en regorgent, la recherche à ce propos d'un coupable, la certitude (païenne) qu'il y ou que c'est le "système", tout cela est aujourd'hui, après l'Holocauste et l'affirmation de l'inconscient, inacceptable. Certes il y a et il y aura toujours des luttes sociales à mener pour que certaines conditions soient données ou redonnées à tous. Mais chacun est, dans le monde actuel, renvoyé à sa responsabilité d'individu, qui a à ne pas céder à l'envie et à la haine contre l'"élu" (alors qu'il l'est lui aussi, s'il le veut, l'élu !). Mais la falsification sociale traditionnelle toujours présente de la grâce se manifeste, avec la fin de l'évidence du prolétariat par la venue au jour de l'individualisme. On n'y considère plus qu'on n'a pas reçu la grâce. Mais on s'arrête à celle qu'on a reçue, avec l'illusion qu'on n'a rien à faire de plus. On est devenu, par la grâce, principe et origine. Mais on ne veut pas voir qu'on ne l'est réellement, effectivement, que dans la mesure où l'on fait un travail, où l'on entre dans l'épreuve de la ladite finitude et où l'on découvre en soi l'Autre absolu, seul absolument principe et sans lequel on n'est pas soi-même principe. L'individu individualiste n'est pas l'individu véritable."
JURANVILLE, 2015, LCEDL

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